Var-Matin (La Seyne / Sanary)

SERIE A Balotelli : couacs de fin

Brescia a entamé une procédure de licencieme­nt envers l’attaquant italien, invisible pendant le confinemen­t. L’histoire se répète pour le mal-aimé du calcio

- WILLIAM HUMBERSET

Treccani, c'est un peu comme le “Larousse” en Italie. Une encyclopéd­ie dans laquelle figure la définition d'une “balotellat­a” : « nom féminin qui définit un geste, une cascade, une attitude typique du footballeu­r Mario Balotelli. » Dernière facétie en date, l'attaquant de Brescia était invisible pendant le confinemen­t. « Il ne s'est même pas présenté sur Zoom pendant la quarantain­e. Même s'il dit qu'il se sent en forme, il n'est pas au niveau de ses coéquipier­s » s'est plaint samedi au micro de Sky Sport Italia Diego Lopez, le coach qui a envoyé la star s'entraîner à part depuis la reprise des séances sur le terrain. Il était aux anges de signer un contrat d’une saison - plus une en option en cas de maintien - dans la ville de son enfance, mais Balotelli a été rattrapé par ses démons. Son club a initié une procédure de licencieme­nt, un courrier qui marque la septième rupture conflictue­lle dans la carrière du buteur. L’homme qui valait 30 millions d’euros à vingt ans, et zéro à trente piges, devient indésirabl­e partout où il passe. Une histoire sans fin initiée en 2007 à l'Inter.

Mentor, club de coeur et cote d'amour ne l’ont jamais changé

Né Mario Barwuah à Palerme, Balotelli a connu l'abandon de ses parents ghanéens, frôlé la mort à cause d'une malformati­on intestinal­e et subi le racisme durant son adolescenc­e en Italie. Côtoyer les pros à 17 ans était enfin une victoire. La Serie A découvre un gamin impression­nant face à la cage, mais un sale gosse ingérable dans le vestiaire. A Milan, il gâche la victoire de la C1 2010 en jetant son maillot nerazzurro par terre en demie face au Barça.

Mourinho et les ultras ne le supportent plus : l'Italie lui dit « Basta »(« Ça suffit » Ndlr), direction l'Angleterre. A City, Mario retrouve Roberto Mancini. Le mentor qui l'a lancé, l'homme capable de relancer le moteur. Champion avec Manchester et tombeur à lui seul de l'Allemagne en demi-finale de l'Euro en 2012, Super Mario rebombe le torse un temps... puis se bat à l'entraîneme­nt l'année suivante avec son entraîneur ! Réputé dès lors incorrigib­le, le buteur recherche du réconfort dans son club de coeur, le Milan AC. En six mois, il marque 12 fois en 13 matchs, presque autant que lors de sa meilleure saison outre-Manche (13 buts en 2011-12). San Siro s’enflamme à nouveau pour Super Mario... puis s’agace. Sulfureux et impulsif, Balotelli s’éparpille, marche sur le terrain, s’accroche avec les arbitres, alimente un cirque médiatique. Liverpool ne sera qu’un second passage de trois mois en Angleterre (2014-15), Mario traverse les Alpes pour retrouver un temps de sa superbe. Nice rencontre son meilleur buteur du 21e siècle (43 buts en 76 matchs), un homme intelligen­t, sensible et attachant. « Qui joue au foot par plaisir » dixit un ex-coéquipier. Car Mario ne s'interdit aucun écart en soirée, cigarettes, bouteilles d’alcool et jolies filles confondues. « La veille du match à Krasnodar, il était malade. Mais il avait quand même fait monter deux Russes dans sa chambre d'hôtel », rigolait Cardinale sur un live Instagram partagé avec Alexy Bosetti pendant le confinemen­t. “Carpe Diem”, une mentalité qui a agacé Vieira et poussé Balo vers l'OM en janvier 2019, soulevant la rancoeur chez les supporters du Gym. « Ça reste un homme qui a des valeurs et un profond amour pour sa mère et ses enfants, » tempère un membre du staff de l’époque. Trop cher pour l’OM, et malgré des touches lucratives au Brésil, Balo avait choisi Brescia pour l’affectif l’été dernier. Chez un promu sans fond de jeu ni argent, et dans un pays rancunier malgré son retour en Nazionale initié en 2018 par... Roberto Mancini. En Serie A, championna­t qui reprend le 20 juin, Balo pouvait entrer sur le terrain avec sa fille Pia dans les bras, voir sa mère adoptive tous les jours. Il ne faisait plus beaucoup trembler les filets (5 buts en 19 apparition­s) dans une équipe en difficulté, et suscitait davantage la défiance de ses supporters que la méfiance des adversaire­s. Mais proche des siens, de son fils Lion aussi, Mario avait le sourire et un salaire. Il a encore tout perdu. Difficile d’imaginer le prochain club qui acceptera de miser une pièce sur lui.

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(Photo EPA) A bientôt  ans, Balo garde l’image de sale gosse du foot italien.

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