Baisser son salaire pour conserver son emploi ?
Gagner moins pour travailler plus longtemps, cela pourrait être la nouvelle potion (un peu amère) pour sortir de la crise tout en évitant une flambée du chômage
Allons-nous devoir choisir entre conserver son emploi ou conserver son salaire ? C’est bien le dilemme auquel pourraient bien être confrontés les salariés dans les prochaines semaines. Ses déjà le marché que la compagnie aérienne Ryanair vient de proposer aux organisations syndicales : soient elles acceptent une réduction du niveau de rémunération pour les cinq prochaines années, soit l’entreprise procédera à un vaste plan social qui pourrait toucher un quart de ses effectifs.
Possible depuis
Et Ryanair n’est pas un cas isolé. Derichebourg, l’un des principaux sous-traitants d’Airbus, est en train de négocier la suppression d’un certain nombre d’avantages, à commencer par le versement du 13e mois à ses salariés. A défaut ce sont 700 postes qui pourraient être supprimés. Un tel chantage « emploi contre salaire » est en réalité tout à fait possible depuis 2017 et l’entrée en vigueur des ordonnances modificatives du Code du travail. Cette réforme permet aux entreprises de signer avec les organisations représentatives du personnel, voir les salariés eux-mêmes lorsqu’il n’y a pas de représentation syndicale, des « accords de performance collective ». Ces APC peuvent modifier, le temps de travail, la mobilité des salariés ou même leur salaire.
Incitation ministérielle
La ministre du Travail a ellemême reconnu il y a quelques jours que ce dispositif avait très peu été utilisé depuis 2017, puisqu’à peine plus de 300 accords de performance collective ont été conclus en l’espace de trois ans. Mais la crise du Coronavirus a changé la donne. La dégradation de la situation économique de plusieurs grands groupes paralysés par le confinement pourrait inciter à un plus large recours aux APC. D’autant que Muriel Pénicaud y a elle-même incité les entreprises la semaine dernière. La potion magique pour éviter des faillites en cascade et une explosion du nombre de chômeurs pourrait toutefois avoir un goût amer pour les salariés, ainsi contraints de renoncer à une partie de