Airbus Helicopters profite du plan de soutien
Si l’usine de Marignane et ses quelque 7 500 salariés n’ont pas encore vraiment connu de trou d’air, Laurent Vergely, son directeur industriel, ne se fait pas d’illusions. « Actuellement, on fabrique encore des hélicoptères commandés il y a deux ans. Pour nous, les effets de la crise se feront donc plutôt sentir dans 18 mois », glisset-il. De quelle ampleur sera l’impact sur le site de Marignane, dont l’activité est égalitairement répartie entre la construction d’appareils neufs et l’entretien des hélicoptères déjà en service ? « On sait que l’impact est devant nous. On s’attend à des pertes de commandes, mais on a encore du mal à en évaluer le volume », poursuit Laurent Vergely.
« La chance d’être soutenu »
Ce dernier se montre néanmoins plutôt optimiste. Et pour cause : « 50 % de notre chiffre d’affaires, nous le réalisons auprès de clients étatiques, notamment français. On peut croire en la robustesse des engagements pris par ces clients ». Face à l’incertitude, le directeur du site de Marignane d’où sortent chaque année plus de 300 appareils, se félicite des annonces du plan de soutien à l’industrie aéronautique présenté mardi par le ministre de l’Économie et des Finances Bruno
Le Maire, la ministre des Armées Florence Parly et la ministre de la Transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne. « On a la chance d’être soutenu par le gouvernement. C’est une vraie bouffée d’oxygène pour Airbus Helicopters », déclare Laurent Vergely.
Bon pour l’emploi et les compétences
Il faut dire que le plan profite largement au constructeur d’hélicoptères puisqu’il prévoit notamment la commande anticipée de 20 appareils : huit Caracal pour l’armée de l’Air, dix H160 pour la gendarmerie nationale et deux H145 pour la
Sécurité civile, pour une enveloppe de près de 400 millions d’euros ! D’après le document, cette commande garantirait l’équivalent de 1 600 emplois sur trois ans. « C’est bien pour l’emploi, mais aussi pour les compétences », insiste Laurent Vergely. Et de préciser : « L’aéronautique est une activité très structurée qui n’aime pas les à-coups. À chaque à-coup, on perd des compétences très longues à récupérer. Et c’est encore plus vrai pour nos sous-traitants à qui nous accordons une très grande attention. La commande de ces 20 hélicoptères va permettre de gommer une partie des àcoups ». Conscient de l’importance de la filière aéronautique pour la région ProvenceAlpes-Côte d’Azur, son président Renaud Muselier a déclaré : « Ce plan est une excellente nouvelle pour la région ». Il a par ailleurs souligné le volet de 300 millions d’euros pour la numérisation et la robotisation des entreprises. Un effort de modernisation de l’appareil productif qui fait écho au dispositif Parcours Sud Industrie 4.0 pour lequel « la Région mobilise, avec l’État, près de 9 millions d’euros ».