Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’aviation d’affaires en pleine zone de turbulence­s

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Les jets privés ne sont pas à l’abri des trous d’air. Thierry Boutsen, ex-champion de Formule 1 reconverti dans le commerce d’avions privés à Monaco, en sait quelque chose : depuis la mi-mars et le début de la crise sanitaire, ses collaborat­eurs et lui se sentent chahutés de tous les

côtés. « Ça bouge vraiment beaucoup. Avec le confinemen­t, plus personne ne pouvait se déplacer. Et personne n’achète un avion sans l’avoir vu. Donc, depuis le 17 mars, nous étions totalement à l’arrêt. Et puis il y a les propriétai­res qui voulaient vendre leur avion, et qui finalement décident de le garder pour des raisons sanitaires. Il y a aussi les clients qui étaient sur le point d’acheter et qui attendent de voir si leurs affaires s’arrangent. De ce côté-là, nous avons ressenti les effets de la crise dès le mois de décembre, dès ses prémices. »

De plus en plus d’avions sur le marché

Depuis quelques années, Thierry Boutsen s’implante de plus en plus en Asie, et les conséquenc­es sont lourdes de ce côté-là : « Nous avons deux ventes en attente en Chine et nous avons perdu une vente en

Inde. » Si le marché est à l’arrêt, c’est aussi parce qu’un avion, ça coûte cher. Et encore plus quand c’est cloué au sol, puisqu’alors, ça ne remplit pas son rôle et ça ne rapporte plus rien. Pour corser un peu le voyage, ça bouge aussi du côté des prix. « Les entreprise­s qui possèdent des avions

d’affaires et qui rencontren­t des difficulté­s mettent leur avion en vente. Il y a 20 % d’avions en plus sur le marché aujourd’hui. Et comme les affaires sont bloquées, les prix baissent. »

Malgré tout, le commandant a bouclé sa

ceinture et attend de sortir de l’orage : «Je suis très optimiste. Nous avons été bien aidés par le gouverneme­nt monégasque, comme toutes les entreprise­s de Monaco. Et nous avons déjà des clients qui reviennent vers nous avec des demandes précises, ce qui est très bon signe. Et puis, quand les crises sont aussi brutales, le rebond est souvent spectacula­ire. Ce n’est pas pour maintenant, mais je suis confiant. »

 ?? (Photo L.M.) ?? En septembre , Thierry Boutsen, à droite, participai­t à la mission économique emmenée par le Monaco Economic Board. Aujourd’hui, il a deux ventes en Chine qui sont suspendues à cause de la crise.
(Photo L.M.) En septembre , Thierry Boutsen, à droite, participai­t à la mission économique emmenée par le Monaco Economic Board. Aujourd’hui, il a deux ventes en Chine qui sont suspendues à cause de la crise.

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