L’aviation d’affaires en pleine zone de turbulences
Les jets privés ne sont pas à l’abri des trous d’air. Thierry Boutsen, ex-champion de Formule 1 reconverti dans le commerce d’avions privés à Monaco, en sait quelque chose : depuis la mi-mars et le début de la crise sanitaire, ses collaborateurs et lui se sentent chahutés de tous les
côtés. « Ça bouge vraiment beaucoup. Avec le confinement, plus personne ne pouvait se déplacer. Et personne n’achète un avion sans l’avoir vu. Donc, depuis le 17 mars, nous étions totalement à l’arrêt. Et puis il y a les propriétaires qui voulaient vendre leur avion, et qui finalement décident de le garder pour des raisons sanitaires. Il y a aussi les clients qui étaient sur le point d’acheter et qui attendent de voir si leurs affaires s’arrangent. De ce côté-là, nous avons ressenti les effets de la crise dès le mois de décembre, dès ses prémices. »
De plus en plus d’avions sur le marché
Depuis quelques années, Thierry Boutsen s’implante de plus en plus en Asie, et les conséquences sont lourdes de ce côté-là : « Nous avons deux ventes en attente en Chine et nous avons perdu une vente en
Inde. » Si le marché est à l’arrêt, c’est aussi parce qu’un avion, ça coûte cher. Et encore plus quand c’est cloué au sol, puisqu’alors, ça ne remplit pas son rôle et ça ne rapporte plus rien. Pour corser un peu le voyage, ça bouge aussi du côté des prix. « Les entreprises qui possèdent des avions
d’affaires et qui rencontrent des difficultés mettent leur avion en vente. Il y a 20 % d’avions en plus sur le marché aujourd’hui. Et comme les affaires sont bloquées, les prix baissent. »
Malgré tout, le commandant a bouclé sa
ceinture et attend de sortir de l’orage : «Je suis très optimiste. Nous avons été bien aidés par le gouvernement monégasque, comme toutes les entreprises de Monaco. Et nous avons déjà des clients qui reviennent vers nous avec des demandes précises, ce qui est très bon signe. Et puis, quand les crises sont aussi brutales, le rebond est souvent spectaculaire. Ce n’est pas pour maintenant, mais je suis confiant. »