Les bonnes raisons de retourner au Musée des arts asiatiques
Il est le premier musée à avoir rouvert ses portes à Toulon, dans les conditions idoines. Alors chiche ? Le risque : gagner un peu de sagesse en contemplant Bouddha dans tous ses états
1 C’est pas la croix et la bannière avec le masque obligatoire
On hésite, on se dit avant d’y aller qu’il doit en falloir de la zénitude, pour aller visiter un musée avec un cache sur le nez. Ça tombe bien, l’expo porte sur Bouddha. Un signe du destin ? On se lance. À l’entrée, la table transparente contemporaine fait oublier le plexiglas juste au dessus. Voilà une déco anti-covid chic ! En revanche, on n’oublie pas le gel hydro. On ne sera jamais plus de 26 visiteurs à la fois. Et comme un musée n’est pas l’endroit où l’on parle le plus, côté souffle, l’air ne fait pas défaut. « Le masque, c’est quelque chose à vivre, on le vit aussi avec nos agents d’accueil. On prend tous conscience de ce que vivent nos soignants. C’est aussi une façon de rassurer les visiteurs », relativise Frédéric Pédron, responsable du musée. Sages paroles.
2 On explore la Villa Jules-Verne
La visite commence par les étages avec un nouveau parcours harmonieusement fléché, pour le respect des règles de distanciation physiques. Pour que les entrants et sortants ne se croisent pas, tout a été repensé. Les escaliers de service sont devenus accessibles. Une autre façon d’explorer la villa du fils du célèbre romancier des explorateurs, et de se l’approprier avec plus d’intimité. L’architecture pas commode pour notre époque moderne redevient tout à coup à la pointe de la norme. Car comme elle a été pensée pour que les maîtres et domestiques du temps jadis ne se croisent pas, comme nous le fait remarquer Frédéric Pédron, pas de risque !
3 On médite sur la beauté
C’est à une véritable « initiation esthétique au bouddhisme » que nous invite l’expo, qui arrive en fin de parcours. Avec des objets uniques. Cela commence par un Bouddha gandharien du IIIe, IVe siècle de la région de Peshawar au Pakistan, aux traits plus orientaux qu’asiatiques, moins courant. Des pièces viennent de Ceylan, du Cambodge, de Thaïlande, Chine, Japon, et bien sûr du Tibet, pour nous rappeler toute l’étendue de cette religion, n’en déplaise aux Talibans. Un peigne très fin en ivoire sculpté de Ceylan (XVIIIe siècle) « utilisé par les femmes pour lisser leurs cheveux après y avoir appliqué de l’huile de coco », véritable outil de séduction, est en très bon état de conservation. « La mère de Bouddha agrippée à l’arbre de la sagesse, pour enfanter son fils, y est représentée ».
4 On emporte un peu de Bouddha avec soi
Le côté positif de cette crise est qu’elle a permis au musée de passer à l’ère du numérique. Des QR codes permettent désormais de lire la présentation des objets sur son smartphone, sur un blog que l’on peut reconsulter chez soi après. Histoire de ne pas perdre la main avec les visites virtuelles ! Le musée commence une transformation, avec un nouvel éclairage, des vitrines plus épurées, ce qui rend la circulation plus fluide, même si l’expo et la collection permanente se sont enrichies de nouvelles pièces, depuis la réouverture le 3 juin, comme, cette sublime tête Khmer du XVIIIe siècle. On terminera avec le Bouddha de la médecine, signe positif !