Faute de restaurants, les vins locaux ont trinqué
Pendant le confinement, une grande partie des ventes du secteur viticole étaient à l’arrêt. Avec la réouverture des restaurants, l’activité est en train de revenir à la normale
Boire un verre de rosé en terrasse. Ce petit geste était de l’ordre du fantasme pendant le confinement. Mais depuis le mardi 2 juin, avec la réouverture des bars ainsi que des restaurants, le petit plaisir des amateurs de rouge ou de rosé avec des glaçons est à nouveau accessible. Cette mesure de déconfinement permet à un pan du secteur viticole de repartir. « Les secteurs de la vente et des restaurateurs ont été les plus affectés », résume Brice Eymard, directeur général du Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP).
Un des trois piliers pour les vins locaux
« La restauration est un secteur important, confirme Brice Eymard. On estime qu’elle représente entre un tiers et un quart des débouchés pour les vins de Provence. » Les deux autres éléments qui complètent ce triptyque sont la grande distribution ainsi que l’export, à hauteur d’un tiers chacun. Tous deux se sont maintenus durant le plus fort de la pandémie. Avec la fermeture des restaurants, pendant plus de deux mois, une rentrée d’argent conséquente a été perdue. « Tout était fermé, cela a entraîné un déséquilibre financier conséquent, abonde Daniel Di Placido, négociant et à la tête du « Domaine Loou », à La Roquebrussanne. Au total, le caveau représente 28 % des ventes. Nous avons perdu 100 % pendant le confinement. Au mois d’avril, c’est entre 60 et 70 000 euros de pertes si l’on prend en compte les ventes au caveau et aux restaurateurs. » Si la grande distribution a joué le jeu en mettent sur ses étals des fruits et légumes locaux, les vins rosés n’ont pas pu connaître le même type de coup de pouce. Certains négociants ont réussi à écouler des bouteilles comme le domaine du Loou. L’ensemble n’en a joui que dans une moindre mesure. En regardant dans les rayons des supermarchés, on se rend rapidement compte que les vins de Provence sont déjà bien représentés en temps normal. Une solution alternative mais qui ne peut pas compenser le manque à gagner.
Une stratégie à adapter
Avec le début de la période estivale, allié à un afflux touristique, la consommation des vins provençaux devrait repartir. Aucune inquiétude à ce sujet, selon le directeur du CIVP : « Le vin fait partie des éléments qui sont associés à l’été, au soleil, vacances, détente… Cela fait partie des choses qui sont assimilées à la liberté et à la détente. La vraie interrogation est de savoir quel va être le niveau de fréquentation. » Alors l’équation « beaux jours et restaurants en ordre de marche » permettrait de concrétiser ce redémarrage. « Les réouvertures annoncent de belles perspectives », poursuit Brice Eymard.
Même si, dans le milieu, les professionnels partent du principe que ce qui n’est pas consommé à l’instant « t », ne sera pas rattrapé. Les vins provençaux ont décidé de revoir leur stratégie pour optimiser les ventes. « Nous avons prévu de remobiliser la communication sur un échelon plus local et sur le tourisme, présente Brice Eymard. Nous allons lancer un jeu dans les caveaux et une application pour mettre en lien les différents acteurs comme les restaurants et les caveaux. Il y a aura, par exemple, des bons d’achats à gagner pour inciter les gens à aller au restaurant. »
Un secteur non négligeable
Pour certains domaines, la restauration n’est pas vraiment une priorité. Enfin, en termes de bouteilles écoulées. La présence sur une carte des vins sert à entretenir de la visibilité et de la notoriété sur les tables locales ou réputées. « Pour nous, cela ne représente que 5 % des ventes, ce n’est pas notre créneau. Bien que ce soit cyclique et saisonnier dans le Var, ça reste très intéressant, reconnaît Nathalie De WulfCoquelle (domaine des Annibals, à Brignoles). Nous profitons d’être bien référencés sur des restaurants renommés. On espère avoir le retour clientèle. Une fois, un couple est venu au domaine avec une bouteille vide. Ils voulaient à tout prix le même vin. »
Une lueur de reprise
Jusqu’à présent, tout était figé. Mais bonne nouvelle pour le secteur depuis la réouverture des restaurants, les ventes semblent repartir avec de l’allant. « Les gens commencent à revenir. Avec l’approche des beaux jours, tout le monde se réveille, se réjouit Daniel Di Placido. Les restaurants font le plein. Avec la fête des mères, les gens en profitent. Cela va reprendre de manière normale. »