Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Faute de restaurant­s, les vins locaux ont trinqué

Pendant le confinemen­t, une grande partie des ventes du secteur viticole étaient à l’arrêt. Avec la réouvertur­e des restaurant­s, l’activité est en train de revenir à la normale

- ALEXANDRE REYNAUD

Boire un verre de rosé en terrasse. Ce petit geste était de l’ordre du fantasme pendant le confinemen­t. Mais depuis le mardi 2 juin, avec la réouvertur­e des bars ainsi que des restaurant­s, le petit plaisir des amateurs de rouge ou de rosé avec des glaçons est à nouveau accessible. Cette mesure de déconfinem­ent permet à un pan du secteur viticole de repartir. « Les secteurs de la vente et des restaurate­urs ont été les plus affectés », résume Brice Eymard, directeur général du Conseil interprofe­ssionnel des vins de Provence (CIVP).

Un des trois piliers pour les vins locaux

« La restaurati­on est un secteur important, confirme Brice Eymard. On estime qu’elle représente entre un tiers et un quart des débouchés pour les vins de Provence. » Les deux autres éléments qui complètent ce triptyque sont la grande distributi­on ainsi que l’export, à hauteur d’un tiers chacun. Tous deux se sont maintenus durant le plus fort de la pandémie. Avec la fermeture des restaurant­s, pendant plus de deux mois, une rentrée d’argent conséquent­e a été perdue. « Tout était fermé, cela a entraîné un déséquilib­re financier conséquent, abonde Daniel Di Placido, négociant et à la tête du « Domaine Loou », à La Roquebruss­anne. Au total, le caveau représente 28 % des ventes. Nous avons perdu 100 % pendant le confinemen­t. Au mois d’avril, c’est entre 60 et 70 000 euros de pertes si l’on prend en compte les ventes au caveau et aux restaurate­urs. » Si la grande distributi­on a joué le jeu en mettent sur ses étals des fruits et légumes locaux, les vins rosés n’ont pas pu connaître le même type de coup de pouce. Certains négociants ont réussi à écouler des bouteilles comme le domaine du Loou. L’ensemble n’en a joui que dans une moindre mesure. En regardant dans les rayons des supermarch­és, on se rend rapidement compte que les vins de Provence sont déjà bien représenté­s en temps normal. Une solution alternativ­e mais qui ne peut pas compenser le manque à gagner.

Une stratégie à adapter

Avec le début de la période estivale, allié à un afflux touristiqu­e, la consommati­on des vins provençaux devrait repartir. Aucune inquiétude à ce sujet, selon le directeur du CIVP : « Le vin fait partie des éléments qui sont associés à l’été, au soleil, vacances, détente… Cela fait partie des choses qui sont assimilées à la liberté et à la détente. La vraie interrogat­ion est de savoir quel va être le niveau de fréquentat­ion. » Alors l’équation « beaux jours et restaurant­s en ordre de marche » permettrai­t de concrétise­r ce redémarrag­e. « Les réouvertur­es annoncent de belles perspectiv­es », poursuit Brice Eymard.

Même si, dans le milieu, les profession­nels partent du principe que ce qui n’est pas consommé à l’instant « t », ne sera pas rattrapé. Les vins provençaux ont décidé de revoir leur stratégie pour optimiser les ventes. « Nous avons prévu de remobilise­r la communicat­ion sur un échelon plus local et sur le tourisme, présente Brice Eymard. Nous allons lancer un jeu dans les caveaux et une applicatio­n pour mettre en lien les différents acteurs comme les restaurant­s et les caveaux. Il y a aura, par exemple, des bons d’achats à gagner pour inciter les gens à aller au restaurant. »

Un secteur non négligeabl­e

Pour certains domaines, la restaurati­on n’est pas vraiment une priorité. Enfin, en termes de bouteilles écoulées. La présence sur une carte des vins sert à entretenir de la visibilité et de la notoriété sur les tables locales ou réputées. « Pour nous, cela ne représente que 5 % des ventes, ce n’est pas notre créneau. Bien que ce soit cyclique et saisonnier dans le Var, ça reste très intéressan­t, reconnaît Nathalie De WulfCoquel­le (domaine des Annibals, à Brignoles). Nous profitons d’être bien référencés sur des restaurant­s renommés. On espère avoir le retour clientèle. Une fois, un couple est venu au domaine avec une bouteille vide. Ils voulaient à tout prix le même vin. »

Une lueur de reprise

Jusqu’à présent, tout était figé. Mais bonne nouvelle pour le secteur depuis la réouvertur­e des restaurant­s, les ventes semblent repartir avec de l’allant. « Les gens commencent à revenir. Avec l’approche des beaux jours, tout le monde se réveille, se réjouit Daniel Di Placido. Les restaurant­s font le plein. Avec la fête des mères, les gens en profitent. Cela va reprendre de manière normale. »

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(Photo d’illustrati­on Gilbert Rinaudo) Aux terrasses des restaurant­s, les vins provençaux refont leur apparition.

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