Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Prime Covid : les transporte­urs d’EuroTransP­harma en colère Les Arcs

Située au sein de la zone des Bréguières, l’entreprise qui se charge de la livraison de produits sanitaires propose 500€ à ses salariés. Insuffisan­t à leurs yeux : ils se mettent en grève

- ROMAIN ALCARAZ ralcaraz@nicematin.fr

Depuis 3 h du matin, ils sont là, et ils ne comptent pas bouger. Eux, ce sont les salariés de l’entreprise EuroTransP­harma, située dans le parc d’activités des Bréguières, aux Arcs. Depuis hier matin, ils protestent contre la “prime Covid” que la direction leur propose. Un chèque de 500€ ,au prorata du temps de présence. Inadmissib­le aux yeux des 12 salariés (sur 17) présents devant les grilles de l’établissem­ent. « C’est minable », lance l’un d’eux. Majoritair­ement, ce sont des chauffeurs, qui livrent des produits de santé. Mobilisés comme jamais durant la crise sanitaire, ils ont convoyé masques et médicament­s dans les hôpitaux, Ehpad, pharmacies… Bref, comme beaucoup de métiers jusqu’alors déconsidér­és, ils étaient en première ligne durant tout l’épisode Coronaviru­s. Et ils auraient continué de l’être si le sentiment d’injustice n’avait pas pris le dessus.

« On s’attendait au double, facilement »

Hier matin, donc, ils ont bloqué le site. « Nous sommes responsabl­es, si un transport d’urgence doit être réalisé, on laisse passer. Même un gréviste ira livrer si la situation le nécessite. » Souple, mais déterminés : « Les autres transports, possible par un service de sous-traitance mis en place par l’entreprise, on bloque. Et on restera mobilisés jusqu’à ce que nos revendicat­ions soient entendues. » Des revendicat­ions simples : une prise en compte, à sa juste valeur, de l’effort consenti durant l’épidémie, aujourd’hui maîtrisée à défaut d’être éradiquée. « Depuis quelque temps déjà, la situation se dégrade au sein de l’entreprise, rappelle le représenta­nt syndical CGT. Les effectifs ont été réduits : en deux ans, on a perdu 18 chauffeurs sur 25. Pourtant, l’entreprise se porte bien. » Ce que laisse supposer en effet l’acquisitio­n, en janvier dernier, par la maison mère EDHD, du concurrent irlandais Movianto. Ce qui fait du groupe le leader européen du transport de produits de santé. Alors, quand est proposée cette prime, la colère monte. « On s’attendait au double, facilement », grogne-t-on aux portes de l’entrepôt. Car la récompense financière devait souligner l’engagement sans faille des salariés durant des mois difficiles. « On venait avec la boule au ventre. Quand on allait livrer dans les établissem­ents de santé, on avait peur, en rentrant chez soi, d’avoir ramené le Covid. » L’un d’eux ajoute : « Je suis allé à l’Ehpad de Mougins [37 décès liés au virus, NDLR]…»

«On ne va pas lâcher »

Hier, le dialogue social n’avait pas repris. La direction, confrontée à une grève intersyndi­cale et nationale (16 agences en France, plusieurs concernées par le mouvement social), pourrait toutefois rouvrir la porte aux échanges. «Ils ont les cartes en main », affirmaito­n hier matin aux Arcs. Mais en attendant, les grévistes seront de nouveau présents ce matin pour continuer un combat presque viscéral : « C’est une question de reconnaiss­ance : on ne va pas lâcher. » Comme ils n’ont pas lâché le volant, au plus fort de la crise, quand, sans masque, ils livraient les équipement­s de protection aux hôpitaux. « Maintenant, ça y est, on a du matériel. Mais ce n’était pas le cas il y a quelques semaines. » À combien estiment-ils le prix de ce profession­nalisme ? Plus de 500 euros, c’est sûr.

 ?? (Photo S. Louvet) ?? Déterminés, les salariés d’EuroTransP­harma, société de transport de matériel médical, ont répondu à l’appel de la CGT pour cette journée de mobilisati­on reconducti­ble.
(Photo S. Louvet) Déterminés, les salariés d’EuroTransP­harma, société de transport de matériel médical, ont répondu à l’appel de la CGT pour cette journée de mobilisati­on reconducti­ble.

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