Ce que Macron va dire dimanche
Le Président évoquera l’après-crise. D’ici-là, le gouvernement pourrait annoncer une accélération du déconfinement
« La philosophie du moment, c’est : sabre au clair, on avance ! » C’est ainsi qu’un ministre décrit en coulisses l’état d’esprit du Président, à trois jours de sa quatrième allocution télévisée depuis le début de la crise du Covid-19. Trois mois après avoir mis en place le confinement du pays, Emmanuel Macron ne se contentera pas d’évoquer dimanche soir l’accélération du retour à la normale. Des décisions pourraient d’ailleurs être prises et annoncées dès aujourd’hui ou demain après un Conseil de défense ce matin, notamment pour permettre aux cafetiers et aux restaurateurs de se préparer dans l’hypothèse d’une réouverture, dès lundi, dans les départements qui attendent toujours de passer au vert.
La crise après la crise
Le chef de l’Etat, qui est « encore dans le temps de la réflexion et de la rédaction » d’après l’Élysée devrait revenir, dimanche, sur la manière dont la crise a été gérée. Objet d’attaques virulentes et répétées, notamment de la part de Marine Le Pen, l’exécutif se félicite de voir certains journaux étrangers saluer l’action de la France. Il a à coeur de démontrer que les bonnes décisions ont été prises au bon moment. Le Président, qui n’a pas, dit-on, l’intention d’éluder pour autant les sujets qui fâchent, dressera les forces et les faiblesses de la gestion de la crise par le gouvernement et l’administration. Estimant que cet épisode sanitaire est désormais derrière nous, Emmanuel Macron évoquera surtout la nouvelle crise, économique et sociale que la France affronte et devra résoudre dans les semaines et les mois à venir. Personne ne le conteste, l’Etat a réagi vite et fort, déboursé des milliards et vient de décliner des plans catégoriels aussi ambitieux que coûteux pour voler au secours des secteurs de l’automobile, du tourisme et de l’aéronautique. Le locataire de l’Elysée souhaite, à l’occasion de cette nouvelle allocution, mettre en perspective les efforts économiques et budgétaires réalisés. En clair : donner un sens à ces milliards jetés dans la bataille au nom de l’urgence puis, plus près de
nous, de la résilience.
Nouvelle étape
Alors que tout le monde, y compris parmi les membres les plus importants du gouvernement, s’attend à un remaniement avant l’été, le président de la République a pour ambition de lancer une « nouvelle étape » de son quinquennat, à défaut de « nouveau cap » ou « d’acte III ». La nuance est subtile, et Emmanuel Macron devra éviter les excès de verbe dimanche soir pour l’expliquer clairement aux Français avant de s’adresser à nouveau à eux, vraisemblablement courant juillet, après les travaux du Ségur de la Santé et des consultations tous azimuts : partenaires sociaux, thinktanks, économistes, membres de la Convention citoyenne pour le climat et collectivités locales. Sur ce dernier point, le chef de l’Etat ne devrait pas annoncer un nouvel acte de décentralisation, mais se situera plutôt dans une perspective de « girondisme rénové ». Conscient de l’importance de l’action, parfois déterminante, des régions, des départements, des métropoles et des villes au coeur de la crise, Emmanuel Macron est convaincu que les Français attendent des réponses de proximité. Il souhaiterait ainsi (re)donner davantage de moyens aux conseils départementaux qui ont joué un rôle majeur ces derniers mois, notamment sur la question des Ehpad.
Message aux jeunes
Enfin, Emmanuel Macron ne pourra pas faire l’impasse sur les sujets liés aux mobilisations contre le racisme et les violences policières. Après les déclarations discordantes de plusieurs membres du gouvernement ces derniers jours, sa voix est très attendue. L’Elysée, qui confirme que ces questions préoccupent le chef de l’Etat, réfute la comparaison et les raccourcis hâtifs entre les affaires Floyd aux Etats-Unis et Traoré en France. Attaché à la notion d’« universalisme républicain », Emmanuel Macron pourrait mettre en garde dimanche soir ceux qui seraient tentés de porter un modèle de société communautariste. Il devrait aussi adresser un message fort aux jeunes qui ont, à ses yeux, particulièrement mal vécu un confinement qui a accentué les situations de solitude et de précarité.