LFH - SAISON - Le calendrier de la discorde
Date de reprise, formule du championnat, autonomie... Entre les clubs de LFH et la Fédération française de handball, les désaccords sont nombreux. Et le clash n’est pas loin...
Heureusement pour lui, JeanMichel Aulas n’est pas à la tête d’un club de la Ligue féminine de handball. Auquel cas, il aurait sans doute déjà perdu son calme... Car si le président de l’Olympique lyonnais bataille ferme pour forcer la Ligue professionnelle de football à revenir sur sa décision de mettre fin à la saison 2019-2020 de Ligue 1, ses quatorze homologues de LFH, eux, s’écharpent avec leur fédération pour celle à venir. Tous les points de désaccords - et ils sont nombreux - auraient dû être tranchés cet après-midi lors de l’assemblée générale de la Ligue. Mais la situation est tellement tendue qu’hier, la FFHB a annoncé le report sine die de la réunion !
août ou septembre ?
Le premier écueil concerne la date de reprise du championnat. Afin de préserver la santé des joueuses et de bénéficier d’une préparation de dix à douze semaines - une durée indispensable selon les staffs médicaux après une coupure de quatre mois - l’ensemble des clubs de la LFH milite pour que la première journée de la saison 20202021, initialement prévue le 22 août, soit décalée à la mi-septembre. Le coach de Toulon/Saint-Cyr, Laurent Puigségur, qui souhaiterait reprendre l’entraînement le 8 juillet, aurait ainsi le temps de remettre tout son effectif sur les rails... Mais pour la FFHB, la date du 22 août est toujours viable. « Jusqu’à preuve du contraire, il n’y a pas d’impossibilité à reprendre le 22 août puisque, à l’heure actuelle, les nouvelles sont bonnes, indiquait vendredi dernier le sélectionneur tricolore Olivier Krumbholz à nos confrères de L’Equipe. Beaucoup de bruits circulent sur le délai nécessaire. Les athlètes sont au chômage partiel, mais ce sont de grandes professionnelles. Elles ne repartiront pas de zéro. » Au sein de l’UCPH (Union des clubs professionnels de handball), l’argumentation d’Olivier Krumbholz ne passe pas. Les présidents opposent aussi bien l’impératif médical
Avec la nouvelle formule de championnat que la FFHB souhaiterait mettre en place, Kramer et les Toulonnaises pourraient ne pas affronter Metz de la saison !
- ils veulent absolument éviter une avalanche de blessures qui résulteraient d’une reprise trop hâtive, comme ce fut le cas en NBA après le lock-out de 1998 - que le respect des congés. Autre souci - et de taille - personne ne sait si, le 22 août, le public sera admis dans les gymnases. « Nous ne pouvons pas nous permettre de jouer sans spectateurs, rappelle Vincent Millereux, manager général de Toulon/Saint-Cyr. Nous perdrions à la fois le produit de la billetterie et nos sponsors. Le huis clos signifie la mort du sport en salle. » Une reprise en septembre augmenterait les chances de voir les règles sanitaires s’alléger et donc, pour les clubs, l’autorisation d’accueillir du public. Devant le tollé émis par l’idée d’une reprise le 22 août, la LFH, qui est sous tutelle de la FFHB, aurait accepté de débuter la saison 2020-2021 le 16 septembre.
Deux poules de sept en tête ?
Mais l’accord de la FFHB n’est pas sans condition. Selon nos informations, celle-ci aurait proposé aux clubs de la LFH une modification de la formule du championnat. Alors qu’elle avait annoncé dans un premier temps la fin des playoffs et des play-downs suite au passage de 12 à 14 clubs, la fédération voudrait faire machine arrière et, sous prétexte d’alléger le calendrier, instaurer deux poules de sept équipes et un championnat en
Bruna De Paula désignée MVP
La LFH a dévoilé les lauréats des trophées All-Star de la saison . L’arrière gauche brésilienne Bruna De Paula (Fleury) a été désignée MVP. Laurent Bezeau (Brest) a été élu meilleur coach. Seule Toulonnaise en course, l’ailière droite Chloé Bulleux a été devancée par la Brestoise Pauline Coatanea.
(lire encadré ci-contre).
deux phases Lundi, à l’annonce de cette proposition, le refus fut quasi unanime chez les présidents de clubs. Treize d’entre eux, dont la présidente de Toulon/Saint-Cyr Perrine Paul, rejettent catégoriquement cette formule. Sept présidents seraient même prêts à aller au clash et à ne pas inscrire leur équipe en LFH !
Une économie sur la sellette
Ils avancent la perte sèche au niveau économique - avec la nouvelle formule, chaque équipe jouerait six matches de moins - ainsi que le manque d’équité sportive. Selon la répartition des équipes dans les poules et les résultats, Toulon/Saint-Cyr pourrait, par exemple, ne jamais rencontrer Brest de la saison... À cela, la FFHB répond par le poids du calendrier international. Avec la réforme de la Ligue des champions, un club comme Metz, s’il venait à atteindre la finale de la plus prestigieuse coupe européenne, pourrait jouer au total, toutes compétitions confondues, plus de 50 rencontres dans la saison ! Sans compter, pour les internationales, le championnat d’Europe (3 au 20 décembre au Danemark et en Norvège) et les Jeux Olympiques de Tokyo (23 juillet au 8 août 2021)... La plupart des présidents, qui déplorent la mainmise de la fédération sur la LFH et le poids négligeable de la présidente Nodjialem Myaro, appellent à une vraie autonomie de leur ligue, effectivement votée en 2017 mais jamais mise en application. Un état de fait qu’apparemment certains ne supportent plus.