LA PERLE EN FEU
La Perle, l’un des cinq sous-marins nucléaires d’attaque encore en service, a été la proie des flammes, hier. Après onze heures de lutte, l’incendie a été circonscrit. Mais le submersible est peut-être perdu
Un incendie s’est déclaré hier matin à bord du sous-marin nucléaire d’attaque Perle alors que le bâtiment était en chantier Aucun blessé n’est à déplorer. Le SNA de type Rubis n’était ni armé ni chargé de combustible nucléaire mais il pourrait avoir subi des dégâts irréversibles.
La matinée avait pourtant bien commencé pour les sous-mariniers. Dans un communiqué, la ministre des Armées Florence Parly exprimait hier « sa grande satisfaction après le succès le 12 juin 2020 du lancement d’un missile balistique stratégique M51 par le sousmarin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) Le Téméraire depuis la baie d’Audierne (Finistère) ». Un tir qui « valide la capacité opérationnelle du système d’arme global du SNLE Le Téméraire », ajoutait encore le ministère. Et puis le temps s’est vite gâté. Les mauvaises nouvelles sont arrivées de la base navale de Toulon en milieu de matinée avec le départ d’un incendie à bord du sous-marin nucléaire d’attaque Perle. En arrêt technique majeur depuis le mois de janvier dernier, la Perle, dernier-né des cinq SNA de type Rubis encore en service, se trouvait en cale sèche dans l’un des trois bassins de radoub de la zone Missiessy quand le feu s’est déclaré à 10 h 35 en zone avant du sousmarin. Malgré les importants moyens mis en oeuvre par les marins-pompiers de la base navale de Toulon, rapidement épaulés par une trentaine de leurs collègues du bataillon des marins-pompiers de
Marseille, les soldats du feu ont eu toutes les peines du monde à circonscrire l’incendie. Qui n’a été maîtrisé qu’aux alentours de 21 h 30, hier soir, onze heures après le début du sinistre !
La ministre des Armées attendue à Toulon
D’après nos informations, les marinspompiers n’ont pas pu immédiatement descendre dans l’étroite coque du sousmarin pour combattre les flammes au plus près. « Ce sont des bateaux très étroits. Les interventions de lutte contre les incendies sont délicates. À cause des flammes, de la température trop élevée, les pompiers ne peuvent pas intervenir à l’intérieur et doivent se contenter d’arroser la coque », témoignaient hier en début d’après-midi plusieurs personnes travaillant dans la base navale, dont un ancien sous-marinier. La solution de noyer le bassin pour éteindre l’incendie aurait même un temps été envisagée. Ce que dément formellement la préfecture maritime de la Méditerranée. À l’heure où l’incendie a démarré, des personnels de Naval Group, maître d’oeuvre sur le chantier, travaillaient à bord de la Perle. Tous ont pu rapidement évacuer le sous-marin en proie aux flammes. Certains ont même « réussi à s’extraire du bateau par les tubes lance-torpilles », d’après plusieurs témoignages concordants. Aucun blessé n’est à déplorer. Les nouvelles sont en revanche moins bonnes en ce qui concerne le sous-marin. Au vu de l’ampleur du sinistre, de la difficulté à éteindre le feu, il n’est pas dit que la Perle puisse être sauvée. « Les échos que j’en ai ne sont pas bons. Si la coque épaisse, structure qui permet au sousmarin de descendre à plus de 300 m de profondeur, a travaillé, j’ai bien peur que le bateau soit foutu », lâche un ancien sous-marinier rencontré à l’entrée de la base. « Le bateau est vraiment dans un sale état. On a des doutes sur les chances de le sauver », confirme un syndicaliste de Naval Group. Des craintes que la préfecture n’alimente absolument pas : « Il est trop tôt pour. Pour l’heure, on ne parle pas de perdre le bateau », confie la préfecture maritime. Sur son compte Twitter, Florence Parly annonçait hier en soirée son intention de venir sur place à Toulon dès que les conditions le permettront. Possiblement ce samedi.