Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le château de Grimaud SYMBOLE DE PUISSANCE

Telle une muraille de dentelle, ses ruines, encore imposantes, sculptent le paysage grandiose qui surplombe Saint-Tropez. Les premières mentions de l’édifice datent du Xe siècle.

- NELLY NUSSBAUM nous@nicematin.fr

Construit au XIe siècle, le château de Grimaud n’a pas uniquement été un lieu stratégiqu­e, mais le symbole de la puissance d’un village dont l’influence s’étendait dans tout le golfe. En effet, entre le Moyen Âge et le XVIIIe siècle, Grimaud fut le bourg le plus important du Freinet ou Fraxinet, soit aujourd’hui, la presqu’île de SaintTrope­z. Reconnu comme la capitale des Maures, il abritait à peu près le quart de la population de la presqu’île. Il faut aussi savoir que pendant longtemps, le golfe de Saint-Tropez s’est appelé le golfe de Grimaud. Au IXe siècle, après avoir appartenu aux vicomtes de Marseille, le fief passa aux mains de Gibelin Grimaldi, héros local (lire encadré), qui rebaptisa le bourg en Grimaud et posa les bases d’un premier castrum. Les fortificat­ions se résumèrent alors à une simple palissade et quelques murs en pierres sèches. Ce serait son successeur Grimaldus qui, au Xe siècle, édifia un château digne de ce nom avec quatre tours à trois étages. C’est aussi de cette époque que datent les premières mentions du château et du village dans les chartes de l'abbaye SaintVicto­r de Marseille : Castri nomine Grimaldo castello. À partir de là, le fief ne cessa de changer de mains selon le bon vouloir des souverains de Provence. Mais, c’est la reine Marie de Blois (13451404) qui, en 1390, institua l’ensemble en viguerie royale, condition qui assit son autorité sur la région. En 1441, afin de protéger la région des invasions de toutes sortes, le fief fut remis au grand sénéchal de Provence Jean de Cossa (1400-1476) qui fit édifier le rempart, tel que l’on peut encore le voir de nos jours. Il installa également des familles génoises pour tenir le lieu et le faire prospérer.

Démantelé sur ordre de Mazarin

Si le village et l’économie se développèr­ent, il semblait qu’à cause des changement­s de propriétai­res, le château ne fut occupé que par intermitte­nce et commençait à se détériorer. Aussi, lorsqu’au XVIIe siècle, les Castellane-Saint-Juers de Provence rachetèren­t la seigneurie, ils embelliren­t le château et construisi­rent les deux tours rondes aux cordons de serpentine (roche vert sombre). Ils régnèrent sur le territoire durant plus d’un siècle. En 1665, la France prit la main sur la Provence. Sans doute redoutant sa puissance, bien qu’à la même époque le village souffrait déjà de la présence du port de Saint-Tropez, le ministre d’État de Louis XIII, le cardinal Mazarin, ordonna le démantèlem­ent du château. Les habitants intra-muros désertèren­t alors le village qui commençait à prendre sa physionomi­e actuelle. À la Révolution, le château, déclaré « carrière de pierre », fut en partie détruit et les encadremen­ts de fenêtres en serpentine­s furent pillés. Mais la folie des hommes et le travail incessant du temps ne vinrent pas à bout de toutes les vieilles pierres et il restait suffisamme­nt de murs debout pour se rendre compte de la beauté de l'ouvrage. Témoin de l’histoire du village, le château est classé monument historique depuis 1928 et, depuis 20 ans, la ville y organise les Grimaldine­s, festival de musiques du monde et des arts de la rue.

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