Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La chienlit permanente

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Dire qu’on pensait que le déconfinem­ent ramènerait un semblant de sérénité… Quelle erreur ! Et quelle chienlit, en vérité ! Dans cette société du tumulte permanent, les plages de tranquilli­té n’ont plus aucune place. Le chaos succède au désordre, et ainsi de suite, dans un maelström à flux continu. L’essoreuse médiatique aidant, tout Zéphyr vire fissa à l’Aquilon. Christophe Castaner se retrouve emporté par cette tourmente, sans grand espoir d’en sortir autrement qu’en guenilles. La question n’est déjà plus de savoir s’il sautera, mais quand. On voit mal, en effet, comment il pourrait encore passer un été clément place Beauvau. Le ministre de l’Intérieur n’a certes pas à endosser tous les fardeaux de notre société. La dictature de l’émotion, la pression sans relâche d’une opinion braillarde, en ont mené d’autres à se déculotter, par unique souci d’apaiser ceux qui crient le plus fort, sans être, loin de là, les plus représenta­tifs. Mais au poste où il est, on attendait, les forces de l’ordre les premières, autre chose de lui. Davantage d’esprit de corps, un vrai soutien à des hommes qui ne sont pas des nantis et n’ont pas lésiné sur les efforts depuis deux ans. Des agents dont beaucoup doutent, aujourd’hui, de leur engagement, tant leur métier est devenu compliqué. À défaut de médailles, les policiers espéraient mieux que le coup de massue de ce ministre qui les a lâchés en rase campagne, en donnant de surcroît l’impression de partager l’aversion de ceux qui les tiennent pour des suppôts de la Gestapo. En plaçant la compassion au-dessus de la loi et de l’ordre républicai­n, Christophe Castaner a commis une faute contre son boulot. « Un ministre ne devrait pas dire ça », aurait pu lui souffler François Hollande. Le locataire de Beauvau aura beau rétropédal­er et boire le calice jusqu’à la lie, son sort semble scellé. D’autant plus que son profil et son parcours ne lui conféraien­t déjà guère la cote à son arrivée. Le job n’est certes pas facile. Par les temps qui sévissent, même un Pasqua ou un Sarkozy auraient davantage de mal à asseoir leur magistère. Raison de plus : le fauteuil appelle des profils d’expérience, qui aient de la poigne et du vécu politique. L’échec de Castaner en premier flic de France est aussi celui de Macron. Météore oblige, il est parvenu au pouvoir trop esseulé, dépourvu des poids lourds qui auraient pu l’aider à grandir. Il a nommé, à des postes clés, des compagnons de conquête n’ayant pas encore tous la carrure. Reste à savoir, désormais, qui peut s’installer à l’Intérieur. Le chef de l’État va devoir dénicher l’oiseau rare répondant au contexte brûlant : un homme ou une femme qui ne soit pas trop marqué à droite, tout en incarnant une franche autorité. Ils ne sont pas nombreux.

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