LES MESURES DE LA RADIOACTIVITÉ DANS LA RADE DE TOULON
L’incendie qui inquiète
Vendredi 12 juin, un incendie éclate à bord d’un sous-marin dans la base navale de Toulon, bâtiment en travaux, à sec, vide de tout combustible nucléaire. Les regards se tournent vers les capteurs du réseau national de mesures de la radioactivité de l’environnement. L’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) qui gère le réseau national d’alerte, a confirmé hier que « les balises situées à Toulon, dont une à proximité de l’arsenal, n’ont détecté aucune augmentation du niveau de radioactivité dans l’air qui serait imputable à l’incendie du sousmarin ».
Des anomalies... mais à La Seyne
Dans le même temps, par contre, des mesures anormales sont observées sur le capteur de La Seyne, qui se trouve dans la zone industrielle de Brégaillon. L’association mandréenne APE s’en inquiète, par la voix de son président Dominique Calmet. « L’analyse des dernières données transmises par la sonde de télémesure montre que chaque jour ouvrable de la semaine, il y a un pic d’activité entre 20h le soir et 3h du matin le lendemain [heure locale]. Le week-end, ce pic n’est pas observé .» D’où le soupçon que cette montée de la radioactivité soit en lien avec une activité humaine régulière.
L’hypothèse industrielle
L’hypothèse industrielle est rapidement avancée par la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) qui « a examiné attentivement la carte d’implantation de la sonde située dans la zone portuaire de Brégaillon et a découvert l’existence d’une chaudronnerie à moins de 300 mètres. » Une application industrielle existe qui consiste à « pratiquer des tirs de gammagraphie, explique
Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire à la Criirad,. Ce qui conduit à des augmentations du niveau de rayonnement gamma ». Il s’agit d’une technique de radiographie industrielle.
La confirmation des pics
Sollicité par Var-matin, l’IRSN a confirmé hier que « plusieurs pics sont observés entre le 5 et le 13 juin. [Précisément] les 4, 5, 8, 9, 10 et 12 juin. Dans le cas présent, les pics de début
juin correspondent à des tirs de gammagraphie effectués par la société CNIM .» Hier après-midi, le groupe CNIM a convenu « effectuer des tirs en émission gamma permettant de vérifier la qualité des soudures réalisées sur des pièces industrielles de grandes précisions. Les tirs les plus récents ont été effectués entre le 4 et le 12 juin. Ces opérations, sous-traitées depuis des années à une société spécialisée, sont détectées par la balise IRSN .» Cette balise officielle se trouve à quelques centaines de mètres à peine des ateliers de CNIM.
Que peut-on en penser ?
L’ISRSN explique que « les pics observés sont courts et leurs maximums se situent à un niveau faible correspondant, par exemple, à ce qui est mesuré continûment (et du fait de la radioactivité naturelle) dans certaines régions de France (massif central, massif armoricain) ». Bruno Chareyron ingénieur de la Criirad s’interroge tout de même « sur l’implantation d’habitations permanentes dans un périmètre rapproché » des bâtiments concernés. Dominique Calmet de l’APE remarque qu’il y a « potentiellement des gens autour, et chez eux dans leurs habitations, dans ces horaires-là ». Le groupe CNIM insiste pour dire que « ces opérations sont effectuées dans le strict respect de la réglementation en vigueur ». Et dans le cas seynois, l’IRSN a bien procédé à des vérifications. Le directeur général adjoint en charge de la santé et de l’environnement à l’IRSN, Jean-Christophe Gariel, précise que toute variation par rapport à la normale « entraîne le déclenchement d’une procédure de vérification auprès des exploitants qui sont systématiquement appelés ». Les tirs de gammagraphie sont « une application industrielle courante, utilisée par exemple par EDF ou dans le BTP lors de la construction de pont ». Au final, l’IRSN compare les valeurs observées à La Seyne, à la radioactivité naturelle mesurée dans certaines régions de France.