À Menton, chez l’archange Saint-Michel
Proclamée basilique en 1999, l’église mentonnaise édifiée au XIIe siècle attire environ 100 000 visiteurs chaque année. Ils viennent admirer son parvis de galets et ses décors baroques
On y accède, depuis le littoral, par un double escalier datant du XVIIIe siècle (en réfection) ou, par la vieille ville, par d’étroites ruelles. Le contraste entre la petitesse du vieux Menton et l’imposante façade de la basilique Saint-Michel Archange fait d’ailleurs déjà partie de la visite. « C’est l’effet fontaine de Trevi, plaisante Michel Imbert, guide conférencier au service Patrimoine de la Ville, le visiteur ne peut, ainsi, qu’être marqué et ému par le surgissement du bâtiment face à lui. On est dans le style baroque, qui veut impressionner pour ramener des fidèles vers l’église, en pleine période de la Contre-Réforme face au protestantisme. » Impressionnante, la basilique mentonnaise l’est. Avec son parvis de 170m², rénové en 2006 avec 250 000 galets représentant les armoiries des Grimaldi, son clocher culminant à 53 mètres – le fameux campanin de Menton – et ses trois statues veillant sur sa façade – « Saint-Maurice, protecteur des États de Savoie, Saint-Michel, patron de Menton, et Saint-Roch, qui protège des maladies » – le lieu est d’ailleurs devenu le théâtre du Festival de musique de Menton (1). Parfait écrin pour accueillir chaque année les plus grands artistes classiques.
Mais la basilique a d’abord été église plus modeste. « Elle est construite au XIIe siècle, sur l’emplacement d’une plus petite. On veut une église plus grande correspondant au développement de la ville avec l’agrumiculture. Le clocher gauche est celui du premier édifice qui était, comme l’exigeait l’église à l’époque, tourné vers Jérusalem, ce qui n’est pas le cas de la basilique », souligne Michel Imbert. C’est un architecte génois, Lavagna, qui imagine le bâtiment voulu par le prince Honoré II de Monaco. La première pierre est posée en 1619 mais les travaux ne sont lancés qu’en 1639. Utilisée dès 1653, l’église est enrichie de son clocher, que l’on doit à l’architecte monégasque Emmanuel Cantone, en 1701. La façade, arborant des colonnes corinthiennes et réservant les fenêtres à sa partie haute – la partie représentant le divin, la lumière – ne sera terminée qu’en 1819, « en respectant l’esprit du XVIIe siècle ». Ce qui explique probablement l’une des particularités intérieures du bâtiment, détaille le guide. « Ici, le buffet d’orgue est derrière le maître-autel, alors qu’il est généralement ailleurs. On l’a mis là parce que l’emplacement habituel était en travaux, l’acoustique était excellente, on l’y a laissé. » À l’intérieur, couleurs et dorures occupent les parties supérieures. « Tout ce qui est haut représente le divin, c’est ce qui est coloré, éclairé », poursuit Michel Imbert. Qui fait également remarquer des différences entre la nef et certaines voûtes : « En février 1887, un tremblement de terre détruit le centre et des voûtes latérales, on y trouve donc des décors datant de la fin du XIXe siècle. L’une des seules avec décors d’origine est celle au fond côté gauche. » Et tout autour, peintures, tableaux en clair-obscur d’inspiration Caravage, sculpture de l’école de Puget, retable de l’église d’origine daté de 1565, chapelle pour sainte Dévote, patronne de Monaco… Riche et dynamique, l’église est proclamée basilique en 1999, par le pape Jean-Paul II. Les visites guidées ont repris hier alors, on y retourne (2). En plus, des sessions famille avec un côté ludique pour initier les enfants aux visites guidées sont proposées. 1.Le70e festivalauralieucetteannée,dansdesconditions particulières. Rens. www.festival-musique-menton.fr 2. Visites guidées de la basilique dans le cadre de circuits dans la vieille ville : le lundi à 14 h 30 (6€ );le samedi à 14 h 30 visite famille (6€, gratuit pour les enfants) et le mercredi 24 juin à 14 h 30. Sur inscription. Rens. 04.92.10.97.10.