Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Suite royale au coeur de Belgentier

Le village natal de Peiresc – élève de Galilée et découvreur de la nébuleuse d’Orion – a aussi hébergé le Roi-Soleil et d’Artagnan. Il regorge de trésors et produit une huile d’olive renommée

- NATHALIE BRUN nbrun@nicematin.fr

Belgentier, bucolique village penché sur le turbulent Gapeau, a-t-il vraiment beaucoup changé, depuis quatre ou cinq siècles ? La lumière tamisée par la majestueus­e allée de platanes qui borde la grand-route jusqu’à la place centrale, s’irise dans les eaux vives taillant leur lit entre les maisons patinées par les ans, les bouquets de figuiers, les saules pleureurs et les gerbes d’iris jaunes.

Le vieux village

Ce mariage heureux de pierres, d’eau et de chlorophyl­le, baigne la bourgade, berceau du célèbre savant Peiresc, dans une apaisante fraîcheur à la belle saison. Elle lui donne aussi une atmosphère presque irréelle, propice à une belle promenade en quartier libre, dans les étroites venelles belgentiér­oises, avec leurs portes sculptées et millésimée­s, leurs minuscules placettes et leurs passages voûtés où le temps semble être suspendu. Peut-être à la grisante date du 19 février 1660. Quand le Roi-Soleil en personne a fait une escale mémorable au château, alors qu’il se rendait en pèlerinage à Cotignac. Louis XIV était accompagné de sa mère Anne d’Autriche, de sa nièce la Grande Mademoisel­le, de son frère le duc d’Anjou, de Mazarin, mais aussi de d’Artagnan et Comminges, les célèbres Mousquetai­res ! On imagine sans peine les carrosses fastueux de l’imposante suite royale qui, arrivant de Toulon, remontent au trot les calades pavoisées, sous les vivats des villageois.

L’église et sa fresque

La scène est immortalis­ée par une fresque en trompe-l’oeil de Michel Deguil, sur le mur extérieur du chevet de l’église. Un peu plus haut, une plaque est apposée sur une antique petite traboule par où tout ce beau monde serait passé, pour aller coucher au château des Peiresc. Gageons que le monarque et sa cour n’ont pas manqué d’aller se recueillir sous le magnifique dôme de style Renaissanc­e italienne (une rareté en Provence) de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption, construite en 1616. Elle est rehaussée aujourd’hui de trésors et de reliquaire­s, et elle est classée Monument historique.

Le séquoia géant

La pente se fait un peu raide, à l’approche de l’entrée du château où culmine une autre curiosité : un gigantesqu­e séquoia wellington­ia d’une quarantain­e de mètres de haut et de près de dix mètres de circonfére­nce, qui a lui seul vaut la balade.

La villa italienne de Peiresc

On y trouve aussi à proximité, la fresque de Philippe Meyer, professeur aux Beaux-Arts de Toulon, qui retrace la vie du grand humaniste provençal Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637), dont c’est la maison natale. Elle était – paraît-il – la seule villa italienne de toute la province, à l’époque de son génial propriétai­re qui avait étudié à Rome. Basé à Aix-en-Provence, Peiresc – qui a notamment découvert la nébuleuse d’Orion et qui défendit son maître Galilée face à l’Inquisitio­n – y avait aussi aménagé un extraordin­aire jardin botanique. Il y revenait le plus souvent possible pour se ressourcer, le nez dans les étoiles... Le château, dont les jardins descendaie­nt jusqu’à la rivière et l’actuel parc Peiresc, peut être visité lors des Journées du patrimoine.

Un mariage de pierres, d’eau et de chlorophyl­le

La coopérativ­e oléicole

En redescenda­nt, et après avoir jeté un oeil au magnifique lavoir, on ne manquera pas de mettre le cap sur la croquignol­ette coopérativ­e oléicole, renommée pour son huile d’olive multimédai­llée et ses succulents produits artisanaux.

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