Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Aux jardins partagés, l’espoir se cultive avec générosité

Qu’ils se trouvent à Draguignan ou Trans-en-Provence, les jardins partagés sont une bouffée d’oxygène pour les foyers les plus défavorisé­s. A fortiori en ces temps de crise...

- CARINE BEKKACHE cbekkache@nicematin.fr

Introduisa­nt sa clé dans la serrure du petit portail noir, Fatma Rekab entre dans un écrin de verdure, aménagé au coeur du centre-ville transian. Une « bouffée d’oxygène » dont la jeune femme a grandement besoin. « J’ai appris l’existence de ces jardins solidaires tout à fait par hasard, confie-t-elle, au détour d’une discussion avec une amie. Je dois dire que la nouvelle ne pouvait pas mieux tomber. » Et pour cause… Maman de trois enfants, Fatma a perdu son emploi au début de l’année, après un souci de santé. « Je me suis aussitôt inscrite à Pôle emploi et je devais démarrer une formation pour obtenir un nouveau poste, précise-t-elle. Mais avec la crise, tout a été annulé. Et mon dossier n’ayant pas eu le temps d’être traité, je me suis retrouvée dépourvue de salaire et d’allocation chômage ces deux derniers mois. » Avec trois bouches à nourrir…

Plus qu’un loisir, une nécessité

« Je n’ai pas osé demander de l’aide, avoue Fatma. J’ai attendu que ça passe. Une amie m’a prêté une petite somme pour que je puisse quand même faire les courses. » En pleine détresse économique, et pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille sur le long terme, Fatma repense alors aux jardins partagés, puis décide de sauter le pas. « Je me suis rapprochée du Secours populaire de Draguignan et j’ai pu obtenir une parcelle, début juin. Quand je fais les courses, mon budget ne me permet pas d’acheter de bons produits. Désormais, ma famille et moi allons pouvoir manger sainement, à moindre coût. » Plus qu’un loisir, ce jardin partagé représente une réelle nécessité pour Fatma qui, aujourd’hui, s’épanouit entre ses jeunes pousses. Et la vie semble à nouveau lui sourire. « J’ai retrouvé du travail , se réjouit-elle, je ne peux donc venir que le soir. Et comme je ne suis là que depuis quelques jours, je n’ai pas encore eu l’occasion de faire connaissan­ce avec les autres jardiniers. » Mais Fatma ressent déjà l’envie d’allier l’utile à l’agréable, en profitant pleinement de ces moments de partage qu’offrent les lieux. « J’ai repéré une table au fond du jardin que j’aimerais rénover pour que nous puissions organiser des repas tous ensemble. Car ce n’est pas un endroit pour jardiner uniquement, seul dans son coin. Pour ma part en tout cas, même si ma démarche répond à un besoin financier, je viens aussi ici pour prendre une bouffée d’air. Pour oublier les tracas du quotidien. » Et ainsi se délecter de l’essence même de ces jardins…

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(Photos Sophie Louvet) Nouvelle arrivée dans les jardins de Trans-en-Provence, Fatma confie : « Même si ma démarche répond à un besoin financier, je viens aussi ici pour prendre une bouffée d’air. Pour oublier les tracas du quotidien. »

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