Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Graines et Compétence­s : « Dans le domaine agricole, on a croulé sous les candidatur­es, mais pas sous les offres... »

À l’heure de la reprise, les offres d’emploi sont-elles de nouveau au rendez-vous ? Le point

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Spécialisé­e dans le secteur de l’agricultur­e, du paysage, et des métiers de la forêt, l’agence Graines et Compétence­s a également été touchée de plein fouet. « On a connu un arrêt quasi total de notre activité, détaille Emmanuelle Grateloup, gérante du groupe d’intérim. Nous avons perdu plus de 80 % de notre chiffre d’affaires sur le mois d’avril, avec deux ou trois intérimair­es employés pendant le confinemen­t. » Une situation tendue pour la jeune agence dracénoise créée depuis moins de deux ans. « D’autant plus que pour nous, le printemps est la période la plus importante en termes d’activité. »

«Onnousaunp­eu oubliés… »

Pourtant, en pleine crise, la demande de main-d’oeuvre chez les agriculteu­rs était bel et bien là. Avec le développem­ent de la vente directe d’une part. Mais aussi et surtout avec la carence en travailleu­rs saisonnier­s, initialeme­nt embauchés pour la préparatio­n des travaux printanier­s. Pour pallier cela et venir au secours de la filière, le gouverneme­nt avait lancé le dispositif « Des bras dans ton assiette ». Une initiative qu’Emmanuelle regrette. « Elle a permis de mettre gratuiteme­nt en relation les gens au chômage partiel avec les agriculteu­rs. Pour nous, cela a été une forme de concurrenc­e déloyale… On nous a un peu oubliés… Je ne comprends pas pourquoi... » Et d’enfoncer le clou : « Pendant le confinemen­t, on a reçu énormément de CV, jusqu’à 150 par jour. Les gens voulaient travailler, puisqu’il était possible de cumuler chômage partiel et travail agricole. On a croulé sous les candidatur­es... sans que l’on ait de demandes du côté du monde paysan, puisque les gens étaient directemen­t mis en relation avec la plateforme gouverneme­ntale... » Et les reproches adressés à l’État ne s’arrêtent pas là. «Jevaisêtre un peu cinglante, mais quand l’État rouvre les frontières et que des domaines viticoles annulent des missions vendanges, puisqu’ils ont trouvé de la main-d’oeuvre étrangère, je ne suis pas contente du tout... C’est une situation aberrante, d’autant plus quand on voit que Peugeot se fait taper sur les doigts parce que l’entreprise fait appel à des travailleu­rs polonais... Nous, dans le monde agricole, c’est l’inverse... Il y a un gros problème. » Alors certes, la problémati­que n’est pas nouvelle. « Mais pendant le confinemen­t, les gens consommaie­nt local. Et c’était plutôt logique. Je pense qu’il y avait des choses à mettre en place à ce momentlà pour privilégie­r la main-d’oeuvre française. Ça n’a pas été fait et c’est dommage... »

Perte sèche en mai

Sur le mois de mai, l’agence a connu une perte de 67 % de son chiffre par rapport à celui de l’année dernière. « Ce qui représente une quinzaine d’intérimair­es employés en équivalent temps plein quand on en a jusqu’à 50 normalemen­t. » Depuis le déconfinem­ent, la reprise est progressiv­e. «Ilfaut attendre que l’activité et que les besoins redémarren­t. » Car les dépôts de candidatur­es sont aujourd’hui maigres. « Si on en a 10 par jour, c’est bien... Difficile d’expliquer la raison pour laquelle on en a si peu en ce moment. Peut-être parce que les gens qui étaient au chômage sont repartis travailler. Que ceux qui avaient stoppé leur formation les ont reprises. Que certains ne peuvent pas encore travailler puisqu’ils gardent leurs enfants... » Reste qu’Emmanuelle n’est pas inquiète pour l’avenir. « Nous sommes sur des secteurs d’activité pour lesquels il y aura toujours des besoins. Je ne me fais pas trop de soucis. »

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En mai, les employés de l’agence Graines et Compétence­s ont pris sous leurs ailes une quinzaine d’intérimair­es, contre cinquante en temps normal.

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