Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Saint-Tropez,  juin , l’attaque des Espagnols... Histoire

L’historien local, Bernard Romagnan, revient sur ce fait d’armes qui vit une victoire tropézienn­e, toujours célébrée chaque année depuis 383 ans, par une petite bravade matinale

- BERNARD ROMAGNAN

Le 15 juin 1637, les habitants de Saint-Tropez, repoussère­nt l’assaut de la marine espagnole qui tentait un débarqueme­nt dans le port de leur ville. En souvenir de ce fait d’armes, la communauté décida d’organiser une procession annuelle, active depuis plus de 350 ans et de faire peindre trois ex-voto, exposés aujourd’hui dans la salle du conseil municipal. Il faut rappeler le contexte général de cette bataille mémorable. Afin d’affaiblir la puissance de la maison des Habsbourg et renforcer la position de la France en Europe, le cardinal de Richelieu, ministre d’État du roi Louis XIII, déclare la guerre à l’Espagne le 19 mai 1635. La France se trouve alors impliquée dans la Guerre de Trente ans, conflit qui avait débuté en 1618, 17 ans auparavant.

La guerre sur les côtes provençale­s

Cette guerre a touché la majorité des pays européens sauf l’Angleterre et la Russie. Batailles, famines, massacres et maladies ont provoqué la disparitio­n de 3 à 4 millions de personnes en 30 ans, soit le décès d’un Européen sur cinq. La monarchie espagnole pour répondre à la déclaratio­n de guerre de la France, envoie sa flotte, commandée par le duc de Ferrandina, pour prendre et occuper les îles de Lérins en septembre 1635. Les Espagnols assurent leur position en fortifiant les îles et ils ne seront chassés que vingt mois plus tard le 15 mai 1637, après 6 semaines de combats acharnés. À l’aube du 15 juin 1637, au cours de leur retraite, 21 galères espagnoles attaquent le port de SaintTrope­z. Le 22 juin suivant, d’Henri d’Escoubleau de Sourdis, archevêque de Bordeaux, lieutenant général de la marine royale, adresse une lettre au Roi dans laquelle il explique que l’attaque de Saint-Tropez a duré trois heures.

Ce qui s’est vraiment passé

Les Espagnols ont débarqué au môle du Ponant près de la chapelle l’Annonciade mais qu’ils ont été vaillammen­t repoussés par les forces tropézienn­es. La milice bourgeoise dirigée par François Cocorel, capitaine de ville, Paulet Robin, Jean Meissonier, Patron Balthazard Taurel et Charles Nabon, les capitaines de cartier, s’est bien défendue. Mais il ne faut pas oublier que les Tropéziens ont été épaulés par les militaires et marins des quatre vaisseaux de la flotte française au radoub dans le port et des habitants armés des villages voisins, réquisitio­nnés à la veille de cette bataille. Le mole situé à l’ouest du port était effectivem­ent le point faible de la défense tropézienn­e. Dès le 23 juin, les consuls, parfaiteme­nt conscients de ce danger pour la protection de la ville, écrivent : « qu’il seroit necesère, pour le service du Roy et pour la defance de la ville, de fère à la pointe du mole du pounant une platte-forme à chaux et sable pour y pouvoir loger quatre pièces de canon et quelques houmes. » Une tour est très rapidement édifiée. Il s’agit de la tour Saint-Elme. Détruite au début du XIXe siècle, elle a été rebâtie en 1993 sur un emplacemen­t proche de celle du XVIIe siècle. Elle abrite les bureaux de la capitainer­ie du port de Saint-Tropez.

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(Photos et repro D. R.) L’un des trois ex-voto qui représente la bataille contre les Espagnols.

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