TripAdvisor « invite » les étrangers « à ne pas venir » dans le Sud
En raison du Covid-19, une mise en garde sanitaire pour la France apparaît sur le site, contraignant le ministre du Tourisme à monter au créneau
Rien n’est étonnant de la part de ces sites américains ! » Le directeur du palace de Saint-Jean-Cap-Ferrat, le Royal Riviera, a d’autres préoccupations que le mauvais buzz qu’un post de TripAdvisor pourrait avoir déclenché. Mais il n’en pense pas moins... Depuis deux jours, sur le plus grand site de voyage du monde, accolé à chaque fiche descriptive d’une commune ou destination française, un message en mode warning fait hurler les professionnels du tourisme : « Les voyages touristiques sont actuellement restreints vers cette destination en raison du Covid-19 », y lit-on.
Le trip un peu moins bad...
C’est l’office de tourisme de Thonon-les-Bains, alerté par des hôteliers de Haute-Savoie confrontés à une vague d’annulations brutales, qui, le premier, est monté au créneau. Sur la Côte d’Azur, l’alerte est également remontée au comité régional du tourisme (CRT) : « Je rouvre mon hôtel le 26 juin. Nous sommes a un peu moins de 50 % de réservations, essentiellement des clients français, italiens, quelques Belges et quelques suisses. Toujours fortement touchés par le Covid, les Américains ne voyageront pas cet été... s’il l’avait pu TripAdvisor les en auraient dissuader...», tempête Bruno Mercadal. La direction du CRT est encore plus dure : « Nous avons enjoint, dès le 6 juin, la direction France de TripAdvisor et au siège de Boston de supprimer cette mention sur les pages azuréennes et si une rectification n’est pas opérée dans les prochaines heures toute action sera envisagée pour obtenir gain de cause, y compris par voie judiciaire. » Interrogé par Nice-Matin, hier, lors de son point presse sur la phase 3 du déconfinement, Jean Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, a immédiatement réagi : « J’ai alerté, ce matin, le président France de TripAdvisor. Je lui ai fait part de mon grand étonnement et du préjudice qu’un tel message pouvait causer. » Apparemment, le message du gouvernement est passé. Du moins en partie... Le post a disparu, mais, en cliquant sur l’onglet « activités » pour chaque destination touristique azuréenne, un message toujours peu engageant continue de clignoter : « À propos du Covid-19 : En vue de limiter la propagation du coronavirus, des attractions peuvent décider de fermer entièrement ou partiellement. » Jean Baptiste Lemoyne s’est cependant voulu rassurant, en égrenant les mesures mises en place pour accompagner la relance de l’activité touristique.
Les dancefloors éphémères dans le collimateur
Le site monemploitourisme.fr de mise en relation des professionnels et des saisonniers en quête de retour à l’emploi a été lancé hier. Dès aujourd’hui, les guides ne sont plus astreints à limiter leurs visites à dix clients maximum. La seule réponse qu’il a concédée ne pas pouvoir donner est celle qu’attendent désespérément les propriétaires de discothèques : « La problématique est complexe du fait du grand brassage dont ces lieux sont le théâtre. » Si les night-clubs restent confinés, le ministre a cependant annoncé que des mesures d’aide spécifique pour les acteurs de la nuit étaient à l’étude. Et qu’il songeait surtout à faire la chasse aux dancefloor éphémères. « Nous envisageons de prendre des mesures de police contre ce qui relève de la concurrence inéquitable. »