Des loups blancs au parc Alpha
Du silence, de la patience, puis la récompense : Freky, Greya et Gryda ont montré leur élégant museau crème, hier, au parc Alpha (06). Rencontre avec les loups arctiques dans la forêt du Boréon
«Là, tout droit, regardez ! » Soudain, un murmure d’exclamation fige les visiteurs. À travers la vitre, à une dizaine de mètres de là, se dessine une silhouette blanche, dans un jeu d’ombres et lumières orchestré par la forêt vésubienne. Voici Greya, 2 ans et un beau pelage blanc. Belge de naissance. Azuréenne d’adoption depuis moins d’une semaine. 36 kg environ. Sa particularité : Greya est une louve arctique. Loup, y es-tu ? Assurément oui, et de toutes les couleurs. Loup noir du Canada, loup gris d’Europe, et désormais loup blanc arctique : le parc Alpha du Boréon (Alpes-Maritimes) tient son équipe type blackgris-blanc. Depuis lundi, le parc animalier accueille dans la Vésubie trois nouveaux pensionnaires : le mâle Freky, 4 ans, et deux soeurs, Greya et Gryda, 1 an. Un souffle de jeunesse. Un gage de pérennité. « C’est une nouvelle attractivité. On voit plus facilement l’avenir avec cette meute jeune », applaudit Roger Bianchi, directeur du parc Alpha. Après la disparition d’un couple reproducteur, le Boréon va ainsi reconstituer une troisième meute. Couleur crème, cette fois. Ces loups arctiques ont montré patte blanche en fin de semaine dernière, en provenance du domaine des grottes de Han, en Belgique. Un voyage de vingt heures, par la route, dans le cadre d’une bourse d’échanges entre parcs animaliers en Europe. Pas de contrepartie financière, mais un objectif : mélanger la génétique de loups de la même espèce. Freky, Greya et Gryda sont arrivés en catimini. Pour éviter d’appâter les curieux. Ils ont aussitôt exploré leur nouveau domaine : un enclos réaménagé de 5 000 m2, comme leurs voisins canadiens. Le grillage s’élève sur 4,5 mètres, pour parer à tout risque de fuite en cas de neige abondante. « Avec cette hauteur-là, on est tranquille », souligne Vincent Girault, le responsable animalier. Vincent va scruter de près l’évolution de Freky. Le mâle devrait atteindre une bonne soixantaine de kilos et 60 centimètres au garrot. « On va le voir prendre possession des lieux et, en toute logique, sa fonction de mâle reproducteur. On attend la première portée au printemps 2021. Ainsi, on va peu à peu constituer la meute. » Hier matin, les présentations se font sur la pointe des pattes. Après le passage éclair de Greya, les visiteurs doivent s’armer de patience. Et faire voeu de silence.
« Leçon de vie »
« Il faut prendre le temps, se poser, attendre. C’est une belle leçon de vie », sourient Marie Simons, 64 ans, et Patrick Van Leeuw, 65 ans, ancien musher (meneur de chiens de traîneaux). Venus de Belgique, comme les nouvelles stars du parc, ces visiteurs sont subjugués par cet écrin de verdure enchanteur et ses mystères. « On doit être plus respectueux de la nature. » Hier, les loups blancs «sefontun peu désirer, concède avec bienveillance Audrey Liénard, adjointe au responsable animalier. C’est important qu’ils puissent s’isoler. En milieu naturel, il y a une part d’aléa. Ce n’est pas un zoo ! » 12 h 30. Le bruit lointain des marteaux s’est tu. Audrey et ses collègues ont projeté ça et là des morceaux de viande et des odeurs – un « enrichissement » visant à stimuler l’instinct sauvage des animaux. « Regardez ! » Enfin, les voici. À pas de loup, puis au petit trot. Seuls ou en duo. Tour à tour, Freky, Greya et Gryda plantent leur regard dans le nôtre. Magnifiques. Majestueux. « Voir des loups, blancs qui plus est, c’est un rêve, salue Régine, 52 ans, venue de Nice avec son mari Jacques. En plus, le parc est tellement beau... » Son directeur, Roger Bianchi, compte sur la célébrité naissante de ces loups blancs pour «relancer l’attractivité du parc. Surtout après le confinement. Ça vient au bon moment. »