DOUZE ANS DE PLUS POUR LE PYROMANE TOULONNAIS
Après une première condamnation à quatre ans de prison en tant que mineur, puis une seconde à six ans, l’incendiaire de Toulon, âgé de ans a été condamné à douze ans de prison. Ce récidiviste devra également se soigner.
Le Toulonnais Kévin Le Breton encourait trente ans de réclusion devant la cour d’assises du Var, pour sept incendies criminels allumés entre le 31 août et le 1er octobre 2018, en récidive de récidive (lire notre édition d’hier). La cour lui a reconnu hier le bénéfice d’un discernement altéré et a ramené la peine à douze ans.
Pas toute sa tête, mais dangereux
Les trois psychiatres et le psychologue entendus par la cour se sont rejoints sur deux points. Le discernement de Kévin Le Breton était manifestement altéré au moment des faits, ce qui entraînait une atténuation de sa responsabilité. Mais il présentait un risque majeur de récidive. Est-il pour autant un pyromane au sens psychiatrique du terme ? La majorité des experts pensent que non. « Ses conduites incendiaires sont davantage en lien avec ses faibles capacités intellectuelles qu’avec un trouble de pyromanie caractérisé ,a expliqué l’un d’eux. Parce qu’il ne réfléchit pas à l’acte avant d’agir. Et il n’a qu’une conscience partielle de la gravité des faits qu’il a commis. » Un confrère, qui avait expertisé Kévin Le Breton en 2009, 2011, 2014 et 2018 pour des faits similaires partageait cet avis. « C’est comme s’il était un petit enfant de 4 ou 5 ans. Les enfants font des bêtises. Et les punitions font que, petit à petit, ils comprennent. Car il n’y a pas de maladie, donc pas de solution psychiatrique. D’ailleurs, les traitements n’ont rien changé. » Le risque important de récidive avait légitimement de quoi inquiéter la cour, qui pouvait se montrer sévère envers le jeune homme. « Je ne vais pas recommencer ,a promis Kévin Le Breton. Il va y avoir ma fille. Et ma vie, c’est de travailler. Pas de rentrer et sortir de prison. »
Pas un enfant
L’accusé ayant reconnu l’ensemble des faits, la question principale restait celle de la peine. Du fait de la récidive, Kévin Le Breton encourait trente ans de réclusion. Mais si l’altération de son discernement était reconnue, ce maximum passait à vingt ans. « Je vais vous demander de retenir cette altération, a dit l’avocat général Marlène Bonastre. Mais je suis pessimiste sur son avenir. J’ai peur d’un quatrième procès, avec peutêtre un mort cette fois. « Vous ne jugez pas un enfant. Il a 25 ans, il n’est pas sous tutelle et il reste dangereux. » Elle a requis une peine « pas inférieure à quatorze ans de réclusion ».
Appel au secours pas entendu
Pour Me Laurent Gavarri en défense, dans le partage de responsabilités de ces incendies en récidive, il y avait « la rupture de soins ». « En prison, Kévin avait un rendezvous médico-social par jour. À sa sortie, il a eu trois rendez-vous en deux mois avec un psychiatre. » Il a souligné que l’accusé, début août 2018, sentant ses pulsions revenir, s’était rendu à l’hôpital de jour et avait demandé à voir un psychiatre, sans succès. « C’est dommage, parce que cette première démarche était antérieure au premier incendie. Il a vu qu’il allait mal. Il a demandé de l’aide. Mais pas au bon endroit. » Quant au bénéfice que pourrait tirer l’accusé de la prison pour s’amender ? « Je ne suis pas convaincu que des années de prison arrangent les difficultés de Kévin. Dans votre décision, restituez-lui la part de responsabilité qui lui appartient, sans oublier celles de ses déficiences et des insuffisances de sa prise en charge. » Outre les douze ans de réclusion, il a été condamné à huit ans de suivi sociojudiciaire avec une injonction de soins.