Marianne, pilier culturel de la République des arts
Dans le cadre du 20e anniversaire du Centre culturel, Ratur et Sckaro, deux figures de l’art contemporain, ont pris d’assaut le pilier de la rue Jules-Ferry où ils réalisent une fresque géante
C’était un 20 mars. Il y a vingt ans, le Centre culturel de Saint-Raphaël était inauguré avec tous les honneurs dus à ce premier édifice de l’agglomération entièrement dédié à la culture. Crise sanitaire oblige, cet anniversaire n’a pu être célébré le jour “J”. Qu’à cela ne tienne : le bâtiment de la place Gabriel-Péri sera à l’honneur tout au long du second semestre. Le coup d’envoi des festivités a été lancé cette semaine par deux grands noms de l’art contemporain : les frères Ratur et Sckaro. Originaires du Havre, les deux artistes s’étaient déjà illustrés, il y a plus de deux ans, face au M.U.R installé devant le Centre culturel. L’été dernier ils avaient remis le couvert en créant une oeuvre grandeur nature sous la casquette de la plage du Veillat. Malheureusement la fresque tout en couleurs n’avait pas survécu au coup de mer de l’hiver.
Une Marianne grandeur nature de x m
Cette fois, le travail réalisé par Ratur et Sckaro ne devrait pas passer inaperçu. À la demande de la Ville, ils ont pris possession de l’énorme pilier, situé à l’angle de la rue Jules-Ferry, pour y dessiner une fresque commémorative hors norme. Après accord de l’Architecte des bâtiments de France, les deux “frangins” ont tout le loisir d’étaler leur talent sur une surface de quelque 100 m2. Soit un dessin urbain de 5 mètres de large sur 14 mètres de haut. Ainsi, depuis lundi un visage familier prend naissance… « Je travaille actuellement sur le thème de la femme. Nous avons donc choisi de réaliser cette fresque sur la figure de Marianne, annonce Sckaro, plus inspiré par la peinture classique. Elle incarne la République, mais elle incarne aussi la culture. Elle est avant tout une icône de la liberté et la démocratie. Sur cette fresque, son visage est entrecoupé de fleurs ; des nymphes sculptées enveloppant son visage… » Face à l’imposante superficie à recouvrir, Ratur et Sckaro ont dû employer les grands moyens. Pour tracer les contours, de haut en bas et de gauche à droite, une nacelle a été mise à leurdisposition. « Après avoir terminé la première phase qu’est le dessin pur, nous allons maintenant passer à la phase remplissage. Toute cette semaine sera consacrée à la mise en couleurs sur des tons de bleu et couleur peau. C’est un travail de neuf jours qui devrait s’achever entre vendredi et dimanche… »
Depuis trois ans, Saint-Raphaël s’affirme comme l’une des places fortes de l’art urbain. À l’image du circuit street-art dans le centre ancien, cette fresque sera la 8e oeuvre d’un parcours mettant en lumière une multitude de personnages de manière contemporaine. Et ce, sans pour autant chercher à reproduire la réalité telle qu’elle nous apparaît.
Un message d’ouverture
Cette Marianne couverte de fleurs en est le parfait exemple. Symbole de la République, c’est un fait : « Mais loin du langage politique, cette Marianne se veut être un symbole d’émancipation. Elle nous envoie ici un message d’ouverture et de tolérance », précise Alexandre Guillé, directeur adjoint des affaires culturelles de Saint-Raphaël. Cette rencontre entre l’art ancien et l’art contemporain est parfaitement maîtrisée par Ratur et Sckaro qui, pinceaux en mains, trempent volontiers leur imagination dans quelques pots d’acrylique pour un rendu définitivement moderne et vivifiant. Subjugué par tant de créativité, Guillaume Decard se félicite de cette réalisation commémorative appelée à faire le lien entre les générations. « Les 20 ans du centre culturel seront célébrés à plus d’un titre, se félicite l’adjoint. Tout une programmation a été établie pour la circonstance, avec notamment un week-end commémoratif dans le cadre des journées du patrimoine ou encore une exposition rétrospective autour de laquelle le cabinet d’architecture de Jean-Pascal Clément animera une présentation de la création de ce bâtiment… » Pour l’heure, les amateurs d’art et d’histoire, les férus de street-art ont, jusqu’à dimanche, pour assister, au jour le jour, à la renaissance de cette Marianne du IIIe millénaire.