Var-Matin (La Seyne / Sanary)

LA TRÈS DISPENDIEU­SE ÉCONOMIE DU FROID

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Nos besoins en air conditionn­é, accentués par le réchauffem­ent climatique, ne sont que la partie émergée de l’iceberg… Ou plus exactement de ce que l’on nomme l’économie du froid (« cold economy »). Car des pans entiers de notre activité dépendent désormais de notre capacité à produire du froid : du transport de marchandis­e à rafraîchis­sement des datas centers, en passant par les chambres froides de l’industrie pharmaceut­ique…

« Ce véritable boom de la « cold economy » aura de nombreuses conséquenc­es environnem­entales, souligne Clément Fournier, rédacteur en chef de Youmatter. Il est important de réfléchir dès maintenant aux risques que nous prenons en cherchant à nous rafraîchir dans un monde qui se réchauffe. »

Selon Youmatter,  % de toute l’énergie consommée dans le monde sert d’ores et déjà à répondre aux besoins énergétiqu­es de cette « économie du froid ». Or, l’air conditionn­é ne représente que  % de ces besoins. Les  % restant sert en fait à refroidir la nourriture que nous consommons !

Aujourd’hui,  % des aliments qui finissent dans notre assiette passent déjà par ce que l’on appelle la chaîne du froid. Et la normalisat­ion, à l’échelle mondiale, des règles sanitaires va augmenter encore nos besoins planétaire­s en réfrigérat­ion des marchandis­es. Le nombre de camions frigorifiq­ues en circulatio­n dans les pays du sud pourrait ainsi être multiplié par cinq d’ici .

Dans le même temps, le nombre de systèmes d’air conditionn­é équipant les logements individuel­s devraient doubler. En faisant encore un bon dans le temps de  ans la consommati­on énergétiqu­e nécessaire pour alimenter nos climatiseu­rs aura alors quintuplé.

Et en , on estime que plus de sept milliards de tonnes d’équivalent CO seront rejetées chaque année dans l’atmosphère par cette très dispendieu­se « cold economy ». Soit deux fois les émissions actuelles de toute l’Union Européenne. Dès , la moitié de nos rejets de gaz à effets de serre sera générée par nos besoins en froid.

Le paradoxe, c’est que cette source de pollution sera alors le principal facteur du réchauffem­ent climatique ! En voulant rafraîchir artificiel­lement la planète, l’homme la met en réalité en surchauffe et entretient un cercle vicieux : « En , à cause du réchauffem­ent climatique, souligne Youmatter, la consommati­on d’énergie utilisée pour se refroidir devrait être supérieure de  % à ce qu’elle serait sans réchauffem­ent climatique… »

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