Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Des sanctions plus sévères pour protéger chiens et chats

Le député LREM azuréen Loïc Dombreval fait cent vingt propositio­ns pour le mieux-être des animaux de compagnie et équidés. Il veut, en particulie­r, lutter contre la maltraitan­ce et les achats d’impulsion

- THIERRY PRUDHON

Le député marcheur azuréen Loïc Dombreval, vétérinair­e de formation et président du groupe d’études sur la condition animale à l’Assemblée nationale, a remis hier son rapport sur l’animal de compagnie et les équidés en fin de vie, à l’issue d’une mission d’évaluation dont Edouard Philippe lui avait confié la charge il y a six mois. Près de 260 auditions plus tard, elle débouche sur un dossier de 300 pages qui vise à accroître le bien-être des animaux de compagnie. Un foyer français sur deux en possédant un, dont 22 millions de chiens et chats.

Des amendes pour punir la maltraitan­ce ordinaire

« On a l’image du chien-chien à sa mémère, mais les animaux de compagnie, ce n’est pas que ça. Et si tous sont loin d’être maltraités, un certain nombre le sont, qu’il faut protéger », insiste en préambule le député. Parmi les 120 recommanda­tions contenues dans son rapport, la plus significat­ive porte sur le renforceme­nt des sanctions pour maltraitan­ce animale, à travers l’instaurati­on d’amendes forfaitair­es pour défaut de soins et la création d’un fichier national des « interdits de détenir ». « Leur montant est à définir, mais il devra être significat­if, d’au moins 135 euros et peut-être jusqu’à 750 euros, estime Loïc Dombreval. Aujourd’hui, lorsqu’un chien est par exemple enfermé en plein soleil, les forces de l’ordre sont encore trop démunies juridiquem­ent pour intervenir et sanctionne­r immédiatem­ent. La Chanceller­ie m’a déjà dit être d’accord sur ce principe d’amendes. » Selon l’Observatoi­re national de la délinquanc­e, 9 504 infraction­s pour sévices graves sur des chiens ou des chats ont été recensées en 2018, tandis qu’une soixantain­e de jugements pour acte de cruauté sur un animal domestique ont été rendus en 2019 (chien brûlé vif, violé, pendu, défenestré…). « Dans le droit français actuel, poursuit le député, si vous dégradez un bien public, vous risquez jusqu’à sept ans de prison et 100 000 euros d’amende. Mais si vous découpez votre animal en deux après l’avoir violé, vous encourez au maximum deux ans de prison et 30 000 euros d’amende, et on ne voit jamais de telles peines. Cela signifie qu’un animal n’est même pas considéré comme une chose. »

Des ventes restreinte­s

Loïc Dombreval prône également l’interdicti­on de la vente de chiens et de chats en animalerie, dans les foires et sur les sites Internet généralist­es : « 200 000 animaux sont t E . L e l a C a abandonnés chaque année. Aujourd’hui, vous pouvez acheter un animal à votre voisin, dans une animalerie et sur Internet. Cela entretient les achats d’impulsion. Une fois que l’animal est dans le foyer, les propriétai­res n’arrivent parfois pas à l’assumer et finissent par l’abandonner. Je propose donc que l’achat d’animaux domestique­s ne puisse plus se faire que chez des éleveurs ou dans des refuges. »

Un défenseur des droits

Parmi les autres suggestion­s du rapport, figurent notamment la nomination d’un défenseur des droits des animaux, idée soufflée par Robert Badinter, voire d’un secrétaire d’État ou d’un délégué interminis­tériel ; la création d’un portail Internet dédié à la protection animale, rassemblan­t toutes les infos utiles dont un numéro vert pour signaler les actes de maltraitan­ce ; la création d’une Fondation pour la protection des chevaux destinée à la constructi­on de centres de repos pour les équidés âgés ; la création d’un Fonds national pour la protection animale abondé par des partenaire­s publics et privés pour soutenir les refuges ; l’instaurati­on d’une attestatio­n de connaissan­ces minimales obligatoir­e pour détenir un chien ou un chat et d’un certificat de capacité pour la détention d’un équidé ; l’augmentati­on de l’identifica­tion des chiens et chats, en réduisant son coût ; la maîtrise de la population féline par la stérilisat­ion obligatoir­e des chats libres ; une réforme de la loi sur les chiens dangereux, en axant la catégorisa­tion sur des bases comporteme­ntales… Et maintenant ? Le rapport va être étudié par la Chanceller­ie et le ministère de l’Agricultur­e. Les mesures retenues seront intégrées en fin d’année dans le prochain plan (2021-2025) pour le bien-être animal et pourront être déclinées soit par décret, soit par voie législativ­e. Loïc Dombreval, histoire de ne pas relâcher la pression, a lui déjà prévu de transforme­r son rapport en propositio­n de loi.

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(Photo archives N.-M.) On compte  millions de chiens et chats dans les foyers français.

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