Liberté, égalité, féminité
LA BONNE ÉPOUSE
De Martin Provost (France). Avec Juliette Binoche, Yolande Moreau, Noémie Lvovsky... Comédie. h . Notre avis : mais les pensions destinées à former les jeunes femmes à faire le ménage et à tenir les fourneaux avec le sourire pour combler de bonheur leur mari existaient encore dans les années 1960 ! Réalisateur césarisé pour Séraphine, Martin Provost s’empare de ce sujet pour signer une comédie résolument féministe, portée par Juliette Binoche. Dans la peau d’une épouse docile qui va peu à peu s’ouvrir à la vie, en assumant ses désirs, la comédienne étale un véritable potentiel comique qu’on lui connaissait peu et épate. Ses partenaires : Yolande Moreau en bru solitaire mal dans sa peau fan d’Adamo et Noémie Lvovsky en religieuse fumeuse veillant à ce que les élèves marchent droit s’en donnent aussi à coeur joie. Les hommes : Édouard Baer en amant romantique et François Berléand en directeur macho ne sont pas en reste, brillant dans leur registre respectif. Pour mettre en lumière l’émancipation de son héroïne, Martin Provost débute le film par une mise en scène carrée, radicale, parfaite pour montrer la rigidité de l’institution. Il se laisse aller ensuite à davantage de folie, notamment dans le final, enlevé et coloré qui prend la forme d’une comédie musicale. Pertinent, donc… mais pas toujours abouti, notamment lorsqu’il s’intéresse à la jeune génération. Soucieux d’être complet, le film soulève successivement leurs préoccupations. Avortement, liberté sexuelle, s’opposer aux mariages arrangés… Tout est mentionné de façon scolaire sans être véritablement approfondi. L’énergie et le talent des interprètes, Anamaria Vartolomei (la révélation de My Little Princess) en tête emportent malgré tout l’adhésion de cette oeuvre résolument soixante-huitarde… aux résonances actuelles. De quoi lui permettre de poursuivre son succès entamé avant la crise du Covid, avec plus de 80000 entrées au compteur, avant-premières comprises.