Le Pr Didier Raoult à l’attaque face aux députés
Le patron de l’IHU de Marseille s’est montré offensif, hier, face à la Commission d’enquête sur le coronavirus du Palais-Bourbon
Après les masques, qui ont été au centre de la première semaine de la Commission d’enquête sur le coronavirus de l’Assemblée nationale (1), place à l’hydroxychloroquine (HCQ) hier, avec l’audition de son controversé promoteur, le Pr Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection de Marseille. Les députés, qui entendent « tirer les leçons » de la crise sanitaire, l’ont notamment interrogé sur son traitement qui a défrayé la chronique et dont il réaffirme son efficacité : « La chloroquine est recommandée pour à peu près 4,5 milliards de personnes dans le monde. » Un député lui demande si des actions prises plus tôt auraient pu permettre de sauver des vies. Didier Raoult dénonce la mise en place « tardive » d’essais cliniques en France sur le combo hydroxychloroquine + azithromycine. « Le Conseil scientifique est une faillite totale », enfonce-t-il. Le médecin et député LREM Borowczyk estime, pour sa part, que Didier Raoult a manqué d’humilité et de modestie. Réponse de l’intéressé : « Plus on est sachant, plus on est humble. » Il explique qu’il n’a pas sorti l’HCQ de son chapeau mais a regardé les résultats venant de Chine « qui était sur la fin de son épidémie ». Il dénonce le copinage entre l’industrie pharmaceutique et les politiques, et suggère que les résultats très préliminaires encourageants du Remdesivir de Gilead avaient été annoncés pour manipuler le cours de Bourse.
« Une faute » de l’avoir interdite
L’infectiologue estime qu’il aurait fallu laisser les médecins décider au cas par cas de donner de l’hydroxychloroquine, estimant que c’était « une faute » de l’avoir interdite. « Si j’avais été président de l’Ordre des médecins, j’aurais démissionné immédiatement. » Mardi, ce sera au tour d’Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé, d’être auditionnée par la Commission d’enquête.
P.-R. D.
1. La Commission d’enquête a déjà auditionné le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, et le président du Conseil scientifique, le professeur Jean-François Delfraissy. Elle est présidée par Brigitte Bourguignon, députée LREM.