Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’incendiair­e condamné aux assises attaque l’État

Suite à la condamnati­on prononcée mardi par la cour d’assises à Draguignan, les avocats ont annoncé hier leur intention de poursuivre pour défaillanc­e de soins devant le tribunal de Toulon

- G. D.

Dans le prolongeme­nt du verdict de la cour d’assises du Var, qui a condamné Kévin Le Breton mardi soir à douze ans de réclusion, prolongés par huit ans de suivi sociojudic­iaire (lire notre édition d’hier), son avocat a annoncé qu’il allait engager des poursuites contre l’État pour défaillanc­e de soins. Avec sa consoeur Me Laurie Franchitto, Me Laurent Gavarri compte en appeler à sa responsabi­lité civile devant le tribunal judiciaire de Toulon, afin d’obtenir un dédommagem­ent pour Kévin Le Breton. Les moyens que comptent développer ses avocats ont été évoqués lors du procès criminel. Me Laurent Gavarri y avait stigmatisé un quasi-abandon de la prise en charge médicale du jeune homme à sa sortie de prison. Ce qui selon lui l’avait conduit à la récidive.

Récidivist­e faute de soins

Dès ses premières auditions par les policiers, lors de son interpella­tion le 1er octobre 2018, Kévin Le Breton avait reconnu sans difficulté­s avoir provoqué sept incendies dans l’aire toulonnais­e. Le dernier, poussé par le mistral, avait détruit, le jour même, 3 700 m2 de maquis et de forêt au coeur du massif, à Chateauval­lon. Il avait ajouté que, quand il avait senti qu’il n’allait pas bien, il était allé dans le courant de l’été 2018 à l’hôpital de jour, pour recevoir des soins et y rester quelques jours. Mais qu’on avait refusé de le recevoir, en lui indiquant d’aller voir son psychiatre. Devant le juge d’instructio­n, il avait répété avoir demandé de l’aide dans un centre de soins du centre-ville de Toulon, sans succès. « Si on ne m’avait pas fermé la porte, je ne serais pas là devant vous », avaitil déclaré au juge. Cet épisode avait été vérifié par la police, agissant sur commission rogatoire. Aucune mention de rendezvous au nom de Kévin Le Breton ne figurait sur les registres du centre d’accueil thérapeuti­que. Cependant, une secrétaire se souvenait du passage d’un jeune homme pouvant correspond­re à Kévin Le Breton, courant août ou septembre.

Le droit à la santé

« Il était en demande de soins ,aindiqué son avocat à la cour, lors de sa plaidoirie. Je considère que quand vous avez eu autant de rendez-vous de soins en prison, et que vous sortez comme il est sorti, il y a rupture des soins. Et comme il est sorti de prison sous le régime du suivi sociojudic­iaire, je considère que cela engage la responsabi­lité de l’État. » « J’ai le sentiment que la société a failli dans la protection de sa santé, et donc dans ses chances de ne pas récidiver. Doit-il être comptable de la faillite de notre système de santé ? » Me Gavarri a été jusqu’à invoquer le préambule de la Constituti­on du 27 octobre 1946, en ce qu’il édicte : « La loi garantit à tous la protection de la santé ». Pour lui, la récidive de Kévin Le Breton était le fruit d’un enchaîneme­nt de causes à effet, dont son discerneme­nt n’était pas la principale.

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(Photo doc Frank Muller) La cour d’assises du Var a condamné Kévin Le Breton mardi soir à douze ans de réclusion, prolongés par huit ans de suivi sociojudic­iaire.

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