Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les victimes de l’amiante déménagent sans désarmer

À l’étroit dans ses locaux de La Loubière à Toulon, l’Asava (Associatio­n des salariés de l’arsenal victimes de l’amiante) change d’adresse mais pas de combats… et ils sont nombreux

- P.-H.C. phcoste@nicematin.fr

Il y a des associatio­ns dont on salue la réussite au regard du nombre d’adhérents. Concernant l’Asava (Associatio­n des salariés de l’arsenal victimes de l’amiante), on a du mal à se réjouir du compteur qui dépasse les 1 200 membres. Autant de personnes qui doivent faire face à la maladie (ou à l’anxiété) causée par une exposition à la terrible fibre dans le cadre profession­nel. En raison de ce nombre d’adhérents sans cesse croissant, l’Asava se trouvait bien trop à l’étroit dans son modeste local de 20 m2 à La Loubière. Après plus de 10 ans de fidélité à ce siège, c’est de l’autre côté de Toulon, à l’Aguillon, que Gérard Lojewski, président de l’associatio­n, a installé son bureau. « Nous sommes désormais sur une surface trois fois plus grande, avec une salle de réunion et deux bureaux permettant de recevoir des personnes en respectant la confidenti­alité des échanges », sourit le président.

Décision favorable du Conseil d’État

Au-delà de cette actualité immobilièr­e, ce qui donne aussi le sourire aux membres de l’Asava, c’est la décision du Conseil d’État en date du 10 juin. Comme l’avait fait le Tribunal administra­tif de Toulon, puis la Cour administra­tive d’appel de Marseille, les magistrats parisiens ont donné gain de cause à un charpentie­r-tôlier qui avait exercé en tant qu’ouvrier d’État à l’arsenal de 1976 à 1985. Exposé alors à des poussières d’amiante, il réclamait le bénéfice de l’allocation spécifique de cessation anticipée d’activité. Une demande refusée par DCNS puis le ministère des Armées, qui estimaient en choeur que cette allocation était réservée aux ouvriers d’État bénéfician­t de ce statut au moment où ils font leur demande. « Le Conseil d’État a estimé que refuser cette allocation à quelqu’un qui avait quitté l’arsenal pour travailler dans le privé ne respecte pas le principe d’égalité », savoure Gérard Lojewski. « Mais il a quand même fallu sept ans de procédure pour en arriver là, ponctue Gérard Laugier, viceprésid­ent de l’Asava. C’est un combat que nous menions depuis longtemps en saisissant tous les ans les parlementa­ires sur le sujet lors de l’élaboratio­n du plan de financemen­t de la Sécurité sociale. Finalement, c’est par la voix juridique que nous obtenons une fois de plus satisfacti­on. » La patience est aussi de mise pour tous les membres qui attendent d’être fixés sur leur demande de préjudice d’anxiété. Si plus de 700 dossiers, conduits par l’Asava, ont déjà abouti, il en reste encore 274 en attente.

Savoir + Asava, 155, rue du Général-Michel-Audéoud, permanence le lundi (de 9 heures à 12 heures et de 14 heures à 16 h 30) et le mercredi (14 h 16 h).

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(Photo P.-H. C) Gérard Lojewski et Gérard Laugier, respective­ment président et vice-président de l’Asava.

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