Fermer le ban avant d’entrer dans une nouvelle aire !
Le Musée des troupes de Marine est fermé depuis hier. Les travaux d’agrandissement vont commencer cet été et devraient durer jusqu’en 2022. La surface d’exposition va être doublée
Sous une chaleur accablante, les clairons ont raisonné, les rangers ont tapé le sol brûlant, hier matin, sur la place d’arme du Musée des troupes de Marine à Fréjus. Depuis 1981, ce musée national – un des quinze de l’armée de terre – a élu domicile ici, notamment pour rappeler l’existence de l’important centre de transit destiné à favoriser l’acclimatation des nouveaux appelés prêts à se battre pour la France avant la première guerre mondiale. L’espace mémoriel ferme ses portes pour une durée de deux ans, afin d’entamer d’importants et nécessaires travaux d’extension et de rénovation. Les 554 m2 déjà existants seront rafraîchis, pour ensuite accueillir l’exposition permanente des tuniques, armes, affiches et souvenirs en tous genres qui ont marqué la vie de ce corps d’armée à travers le monde. Tandis qu’un nouveau bâtiment de 400 m2 y sera accolé afin d’héberger les diverses expositions temporaires – qui, pour l’heure, prenaient place au milieu des collections permanentes. Entre les deux entités, un hall d’entrée de 250 m2 verra le jour. Un parcours extérieur avec des véhicules, chars et objets plus volumineux est également prévu.
Extension car manque de place au fil des années
Créées en 1622 et d’abord rattachées au secrétariat d’État de la marine, puis des colonies et désormais à l’armée de terre, les troupes de Marine – leur nom contemporain – ont accompagné l’histoire militaire et coloniale du pays. Des actions retracées au sein du lieu de mémoire, autant à destination des officiers que du public. « Ce n’est pas un musée militaire, insiste Frédéric Garnier, général commandant l’État-major spécialisé pour l’Outremer et l’étranger. Mais un musée sur l’histoire militaire. » Pour autant, une faille temporelle se faire sentir au détour des couloirs, entre les fanions de la guerre d’Indochine, les récipients remplis de sable des plages théâtres d’opérations. « Les dernières années ne peuvent pas être représentées par manque de place. Le projet d’extension était devenu indispensable », remarque le haut gradé à l’ancre bleu et rouge sur le bras gauche de son uniforme. Au total, près de 20 000 objets sont susceptibles d’être exposés, mais une majorité reste dans la réserve par manque de place.
Des troupes en Opex partout dans le monde
La lieutenante Laura Séré abonde en ce sens : « Les militaires actuels venaient se recueillir, passer du temps au coeur de l’histoire de leurs prédécesseurs, mais aucun objet, vêtement ne rappelait les récents combats, comme au Mali, où ils ont perdu des frères d’arme ». Car les troupes de la Marine composent 15 % de l’effectif de l’armée de terre avec près de 17 000 personnels et participent aux opérations extérieures partout sur le globe. « De notre travail sur les ports, nous avons élargi notre zone de contrôle et d’influence, d’où notre rattachement à l’armée de terre », poursuit la militaire. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que la première pierre du futur musée a été posée officiellement en août 2018 par Jean-Pierre Bosser, qui était à l’époque le chef d’état-major de l’armée de terre, fonction la plus élevée de la chaîne de commandement.
visiteurs par an
À déambuler entre les vitrines et les mannequins – et pour le moment entre les rouleaux de papiers bulle ou sac de boules de polystyrène déjà sur place en vue du déménagement – les 400 ans d’histoire se font sentir au gré des batailles gagnées ou perdues, certaines plus symboliques que d’autres. Dont celle de Bazeilles (voir encadré cicontre), en 1870, lors du conflit francoprussien, qui est devenue le symbole et la fête des Troupes de marine. En 2022, date de fin des travaux, le nouveau musée sera inauguré pour le quatre-centième anniversaire des troupes. Un projet de 5,6 millions d’euros, financé à hauteur de 36 % par les troupes de Marine, 30 % par l’État et le reste par des financements extérieurs dont une très grande majorité par le secteur institutionnel local (la Région sud, le département du Var, les mairies de Fréjus et de Saint-Raphaël et la Cavem qui se porte garant pour un emprunt.) Avec 20 000 visiteurs – gratuits – par an, les responsables espèrent voir ce chiffre augmenter. Et surtout entretenir ce devoir de mémoire.