Les pros de l’événementiel en quête du second souffle St-Tropez
C’est l’une des inconnues de la saison estivale... Après l’annulation de nombreux rendez-vous, quel visage offriront les deux prochains mois ?
Aimant ensoleillé sur fond de Méditerranée, la presqu’île de Saint-Tropez est le théâtre d’une foule d’événementiels imaginés – soit pour le compte d’entreprises avides de dépaysement, soit pour offrir un cadre enchanteur à des réjouissances privées –. Mais si le décor n’a pas changé, son économie subit le contrecoup de ces deux mois de confinement et d’incertitudes. Quelles sont les perspectives en cette fin juin ? Deux spécialistes de ces coulisses pailletées livrent leurs impressions.
Richard Eret :
■ Ce consultant est un routier expérimenté des chemins très balisés de l’événementiel. Son agenda est zébré de rouge : « Ça se présente avec 100 % d’annulation pour le moment », citant l’exemple des mariages gelés : «çase prépare 8 mois à l’avance avec une clientèle internationale comme les Américains. Il y a encore des choses qui peuvent aboutir pour septembre », espère-t-il. Seule consolation, « j’ai la chance d’avoir des reports pour l’année prochaine ». Ces jours-ci, il guettait la réouverture des frontières pour ressentir un frémissement avec cette question présente sur toute les lèvres : la clientèle étrangère va-t-elle rejoindre ce confetti varois ? Sera-t-elle encline à des fêtes sur-mesure à Saint-Tropez ? Il pressent justement que les « fêtes vont migrer dans les villas où il y aura plus de facilités pour la distanciation, mais ce sera au dernier moment ». La non-réouverture des discothèques accrédite un peu plus cette thèse... Un spécialiste qui voit plus loin que cette crise, pour l’évolution du tourisme. « Selon moi, la cible idéale pour Saint-Tropez est le tourisme d’affaires quasiment inexistant ici. Je me souviens de constructeurs automobiles (Jaguar, Mercedes), cela draînait une presse internationale ». En semaine, horssaison. « Ce sont les événements qui décideront les hôtels à ouvrir entre octobre et mars ». Et non le contraire, éclaire-t-il. Encore faut-il accueillir ce public calibré dans de bonnes conditions, dans un lieu dédié. « En général, il faut assurer une soirée de gala, après c’est quartier libre. »
Marine Cariou :
■ À la tête de ZooM, Marine Cariou a débuté le mois de mai « avec zéro perspective : tous les événements de marque [principalement dans l’univers du luxe] ont été annulés pour cette saison, dès le 15 avril ». Qu’il s’agisse de dévoiler la dernière création d’un joailler, d’un déjeuner pour révéler une nouvelle collection. Seule trouée lumineuse pour elle également, des rendez-vous ont été reportés à l’an prochain. Marine Cariou se veut confiante : « J’ai la chance d’avoir conservé deux événements d’envergure. Ce n’est pas mirobolant mais on se dit que 2021 sera bien, il faut tenir jusqu’en décembre ». Pour l’heure, son regard de pro se fixe sur le privé : «Je table là-dessus cet été ». Avec toutes les mesures de précautions dans l’espace public, les recherches ont évolué : location de bateaux à la journée et retour à terre pour des soirées à la maison, en petit comité. Loin de la foule. « La clientèle fait attention. ll y a une demande pour des cocktails dînatoires plutôt que des dîners assis ». Mais là aussi, « les réservations risquent de se décider à la dernière minute ». Reste à appréhender les réactions de la clientèle étrangère qui n’a forcément pas les même codes. « J’ai des clients allemands qui sont très très prudents : masques à chaque sortie, pas de proximité. Je ne pense pas qu’ils voudront se retrouver dans les restaurants. »