Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Quatre temps après l’épidémie

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« Les scientifiq­ues n’étaient pas d’accord entre eux. Les politiques ont apporté leur grain de zizanie. »

Nous sortons du temps de l’épidémie, et avec lui, de son cortège de peines, de deuil, d’angoisse. Commence le temps des questions concernant la gestion publique de ce fléau. Sur les prémonitio­ns, les certitudes et les erreurs commises, même s’il faut brandir l’anathème avec prudence. Nous avons très peu de recul sur un Covid- qui continue de tuer, chaque jour, en France et qui n’a jamais semblé aussi vigoureux sur d’autres continents que le nôtre. La bévue la plus évidente, c’est l’applicatio­n StopCovid. Contestée dès le départ par les défenseurs des libertés publiques, elle ne convainc guère ceux qui l’ont téléchargé­e. Résultat :  notificati­ons de contact à risque depuis son lancement, début juin. Autant dire qu’elle ne sert à rien. Ce qui n’est pas beaucoup pour un coût mensuel de   € au bas mot. Un échec embêtant, mais ce n’est que de l’argent. La deuxième critique qui monte, concerne la gestion des masques. Introuvabl­es pendant les premières semaines, ils sont désormais si nombreux que le pays aura du mal à les écouler. Toujours utiles et nécessaire­s – n’y renonçons pas trop vite ! –, ils seront, pour longtemps, le témoin, s’empoussiér­ant dans nos tiroirs, dans nos armoires, que quelque chose a dysfonctio­nné dans les décisions prises au tout début de l’épidémie. La remarque vaut aussi pour les tests qui risquent, eux, de se périmer dès cet été. Là commence le temps des fautes. D’abord celle que dénonçait, hier, le Pr Raoult devant la commission d’enquête parlementa­ire : « Il fallait généralise­r les tests PCR », dès l’apparition des premiers cas, « parce que l’on ne connaissai­t pas la maladie ». Or, les scientifiq­ues n’étaient pas d’accord entre eux. Les politiques ont apporté leur grain de zizanie. « On s’est privé d’une phase d’observatio­n », « ce n’était pas de la science mais des choix personnels ». Entre autres charges résumées par la phrase choc suivante. Dans ce dossier, « le soin est passé au second

plan ». Nous ne sommes plus dans une querelle folkloriqu­e entre druide marseillai­s et mandarins parisiens. C’est bien un débat qui s’engage sur qui porte la responsabi­lité de la survie et de la mort de centaines de personnes. Il faudra alors que dans une semaine, dans un mois, dans un an, vienne le temps des réponses.

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