« Continuer à construire »
Après une saison 2019-2020 pour le moins compliquée, l’international argentin du RCT, Facundo Isa, veut repartir de l’avant avec l’envie d’écrire une première ligne sur son palmarès
Les temps changent parfois en bien. Stigmatisé ces derrières saisons pour ses difficultés à respecter les horaires, Facundo Isa n’est plus tout à fait le jeune homme insouciant qu’il fallait contrôler et parfois même « piquer » pour faire avancer. À presque 27 ans, le troisième ligne international argentin ne se sent pas encore vieux. Mais il sait qu’il n’est plus tout à fait jeune : son expérience en atteste. Déjà six ans qu’il évolue au plus haut niveau, vingt-cinq sélections au compteur… Le moment d’écrire une ligne sur son palmarès semble venu. Et il y pense sûrement très fort.
Des pilules à avaler
Mais la situation, particulièrement compliquée par le Covid-19, ne l’incite pas vraiment à l’optimisme. Surtout au niveau international où la Sanzaar, qui gère le Super rugby, vient d’annuler un contrat la liant à la fédération argentine pour les cinq prochaines saisons. «La UAR (l’équipe nationale, Ndlr) a travaillé pendant quatre saisons en Super XV et se retrouve le bec dans l’eau au moment où l’Argentine arrivait à un haut niveau. Ça fait mal. Les joueurs sont touchés… Maintenant, il faut trouver un autre championnat », regrette Isa, très attaché à sa sélection malgré son renvoi en club l’automne dernier qui l’a privé de la coupe du monde au Japon… Très marqué par cette éviction, « Facu » avait mis plusieurs semaines à avaler la pilule du sélectionneur, Mario Ledesma, à son retour à Toulon. Il a ensuite été coupé dans son élan au moment où il retrouvait toute sa détermination et ses sensations. Suspendu deux matches à la suite d’un plaquage illicite face à La Rochelle en février dernier, Isa ne sait même pas vraiment s’il pourra rejouer dès la future première journée de Top 14. Mais après avoir déjà subi trois mois d’arrêt à cause du coronavirus, il ne comprendrait pas qu’on lui inflige une double peine – nous non plus, d’ailleurs, dans la mesure où de nombreux joueurs sanctionnés avant la crise ont déjà obtenu leur grâce de la commission de discipline de la LNR...
« Les jambes souffrent un peu »
Et puis, il y a aussi la situation sanitaire et économique de l’Argentine qui l’inquiète : « Ça touche beaucoup. Quand j’en parle avec mon père, je vois combien c’est un moment difficile. L’Argentine est toujours confinée. Cela fait presque 90 jours que tout est fermé. J’espère que ça va aller mieux. Apparemment, il y a des villages où l’on a commencé à revivre normalement. » Heureusement, tout n’est pas aussi sombre pour lui. Jusqu’alors desservi par son engagement au RCT, (la fédération argentine privilégiait les joueurs restés au pays), Facundo est désormais sur un pied d’égalité avec ses copains aujourd’hui priés d’aller chercher rugby et fortune ailleurs. Il figure avec Ramiro Moyano dans une liste de 59 joueurs sur lesquels compte toujours Mario Ledesma : « Cette situation me permet, c’est vrai, d’être encore dans le “squad joueurs”. Ça me fait plaisir, reconnaît « Facu » sans se forcer. Mais je suis aussi un peu triste. C’est comme ça. Ce n’est facile pour personne… » La reprise n’est pas évidente non plus après un confinement qu’il a vécu avec sa chérie, à Toulon : « J’ai perdu un peu de poids, je suis tombé à 111 kg, mais il faut que je reprenne un peu de muscle. Depuis qu’on a recommencé à s’entraîner ensemble, je me rends compte qu’on a surtout travaillé le haut du corps pendant le confinement. On a fait beaucoup de choses statiques. Là, les jambes souffrent un peu… Mais ça va, je suis quand même en forme ! »
« Il faut qu’on aille chercher un titre »
Il le faudra pour tenir ses objectifs et ceux du club qui restent élevés : « On n’en a pas encore parlé avec Patrice (Collazo). Mais je pense qu’il va me fixer les mêmes objectifs que l’an dernier : être vraiment sérieux et faire le maximum pour l’équipe. Cette année, on doit continuer à construire. Il faut qu’on arrive aux phases finales et qu’on aille chercher un titre. » Les phases finales de Challenge Cup 2019-2020 ? « Ah ! oui, c’est vrai, il faut finir ça, s’enthousiasme à nouveau Isa. C’est très important. Ça nous donne de la confiance et ça nous aide à travailler encore plus fort pour être vraiment prêt au début du championnat. Cela nous a aidés aussi à ne pas lâcher pendant le confinement. » Et puis, il y a encore la perspective de jouer toute une saison aux côtés de Sergio Parisse avec qui il partagera le poste de numéro 8 : « Depuis que j’ai commencé ma carrière, Sergio est mon exemple, ma référence. J’en profite et j’essaie de voir et de comprendre tout ce qu’il fait. C’est un vrai rêve », se reprend déjà Isa en mesurant sa chance malgré tout…