Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Part dans l’espace

Série burlesque qui se moque de l’envie – réelle – de Donald Trump de créer une branche des forces armées consacrées à la conquête spatiale, Space Force retrouve surtout Steve Carell

- MATHIEU FAURE mfaure@ncematin.fr

Même les plus grands scénariste­s n’ont jamais imaginé un personnage aussi loufoque que Donald Trump. L’actuel président des États-Unis est pourtant bien réel et représente une source d’inspiratio­n inépuisabl­e... y compris à son insu. Ainsi, en 2018, Trump décide de se lancer dans la création d’une sixième branche des forces armées américaine­s, cette dernière aura pour mission des opérations militaires dans l’espace. Un an plus tard, cette fameuse Space Force est mise en place par le Pentagone, un logo est même dévoilé sur Twitter. Ce qui n’a pas manqué de faire rire la planète puisque le fameux logo... ressemble à celui de Starfleet Command de la série Star Trek. À tel point que l’acteur George Takei, qui jouait le rôle de Sulu dans la série, s’est fendu d’une réponse qui en dit long : «Hum. On attend les royalties… ».

Netflix a été encore plus loin puisque le géant du streaming a sauté sur l’occasion pour créer une série sur le concept. Son nom ? Space Force évidemment. Aux manettes, un duo qui a déjà fait ses preuves avec l’immense The Office : Greg Daniels-Steve Carell. Fin mai, Netflix a donc balancé à la face du monde la première saison de sa série burlesque.

Course à la colonisati­on de la Lune

On y suit Mark Naird (Carell), général 4 étoiles, qui vient de se voir confier la direction de la nouvelle Space Force. Une branche armée imaginée et voulue par le Président des États-Unis afin de remporter la course à la colonisati­on de la Lune face à la Chine et à la Russie. Naird est plutôt rigide, patriote, carré et pas franchemen­t issu du monde scientifiq­ue mais il doit composer avec des scientifiq­ues de la Nasa, dirigés par le

Dr Adrian Mallory (John Malkovich) qui ne voit pas en Naird un brillant allié. Commence alors une critique à peine cachée de l’administra­tion Trump du sol au plafond. Certains personnage­s de la série sont directemen­t inspirés de proches collaborat­eurs de Trump. On pense notamment à Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représenta­nts des États-Unis, ou à Anthony Scaramucci, ancien directeur de communicat­ion de la MaisonBlan­che, même Alexandria OcasioCort­ez a droit à son personnage. En revanche, Donald Trump, lui, est constammen­t moqué mais jamais cité. Pourtant, Trump est omniprésen­t dans la série mais il n’apparaît qu’à travers ses tweets hallucinan­ts et ses ordres improbable­s et délirants qui rendent fou Naird.

Critique de la chute de l’empire américain

Alors que l’on attendait, sans doute un peu trop, une série qui allait reprendre les clés du succès de The Office, Space Force est différente. On ne va pas se mentir, il y a une forme de déception car il est difficile de se lancer dans cette première saison sans ambition, surtout quand, sur le papier, on vous présente quand même un produit sexy chocolat : le duo de The Office, John Malkovich, Lisa Kudrow, Jane Lynch, Noah Emmerich... Même si la saison est inégale, elle a l’immense mérite d’être une vraie critique de la chute de l’empire américain et de ce côté, c’est une belle réussite. Ou comment Naird, homme blanc militarist­e, prend conscience du déclin de son pays vis-à-vis d’autres puissances mondiales tout en se rendant compte que des personnes issues des minorités (une femme Noire, un Américain d’origine asiatique, un homosexuel) sont bien plus compétente­s que lui. Le tout porté à l’écran d’une manière sarcastiqu­e sans jamais tomber dans la méchanceté gratuite. Et puis reste le plus jouissif, quand la série rejoint la réalité. Comme avec chacune de ses production­s, Netflix a donc sécurisé le nom de sa série dans le monde. Sauf que le gouverneme­nt américain, lui, ne l’a pas fait. Du coup, Space Force n’a toujours pas été validé par la United States Patent and Trademark Office et le gouverneme­nt américain serait alors dans l’impossibil­ité d’utiliser le nom « Space Force » pour sa branche militarisé­e. En d’autres termes : LOL.

Trump moqué... mais jamais cité

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