Deux grands frères de ring
Entre Faïsal Arrami et José « Pépé » Gomez, une attachante filiation pugilistique s’est instaurée. Quand intelligence et expertise s’affrontent fraternellement en un combat singulier
L’un comme l’autre rêvent d’un somptueux gala commun au cours duquel ils se battraient pour décrocher un titre de champion de France et plus, si affinités. Voilà une soirée qui aurait de la gueule et pourrait entrer dans l’histoire de la boxe varoise comme on l’a connu il y a ans avec Fred Seillier, non plus au Zénith de l’époque mais dans l’écrin du palais des sports de Toulon, par exemple. Et les deux champions toulonnais d’affirmer de concert : « On tient la route. On n’a pas à payer les errements du passé. Les télés nous suivent. Reste à convaincre quelques décideurs. » Faïsal Arrami et Pépé Gomez aimeraient faire partager leur passion de la boxe qui, à Toulon et dans le reste du département, peut compter sur un véritable public. Nous avons voulu connaître le regard que ces deux licenciés à l’ASCM Toulon portaient l’un sur l’autre. Une rencontre entre hommes sans fard ni artifice, sans fauxfuyant ni faux-semblant. Un échange à coeur ouvert, un corps-à-corps direct et percutant, où le respect de l’un n’a d’égal que l’admiration de l’autre. Un échange frappé du sceau de la franchise, de la sincérité qui sied aux sportifs qui, entre quatre cordes, ne peuvent pas tricher.
Battus lors de leur dernier combat, les deux boxeurs, ont soif de revanche. En cause, une préparation imparfaite pour l’un, une grossière erreur stratégique pour l’autre. Dans les deux cas, une arrogance coupable, « une faute que nous ne renouvellerons plus jamais », affirment-ils de concert. Mais au-delà de la qualité de leurs adversaires, pour Pépé et Faïsal, c’est surtout une défaite vis-à-vis d’eux-mêmes qu’ils veulent gommer faute de pouvoir l’effacer. Au sortir d’une longue période de confinement qui a balayé des semaines d’efforts, nos duettistes sont plus remontés et motivés que jamais dans une discipline où le doute n’est pas permis. « On ne se connaissait pas plus que ça avant de devenir amis, explique Arrami, l’ancien champion d’Afrique. Pépé m’a beaucoup aidé. Il possède une véritable expertise de la boxe. Il détient un rôle très important. S’il avait été dans le coin lors de mon dernier combat à Marseille contre mon adversaire ukrainien, le résultat n’aurait certainement pas été le même. »
De son côté, le gitan toulonnais n’a toujours pas digéré la claque phénoménale encaissée dans le piège d’Aulnay-sous-Bois en septembre dernier. « Je me voyais aller à l’Europe et puis... patatras. Cette terrible désillusion a un côté cruel dans un sport où rien ni personne ne pardonne », confesse-t-il en guise de mea culpa.
Le chemin vers la gloire
Ces deux champions ont grandi dans la cité populaire des OEillets, à Toulon. Tous deux ont choisi la boxe pour s’en sortir. Tous deux sont fiers de leur parcours forcément semé d’embûches et autres chausse-trappe. Tous deux savent qu’ils ont encore à prouver. Tous deux veulent s’accomplir avant de raccrocher les gants. Faïsal, tombé dans le confort, s’était embourgeoisé. Il a payé cash le fait de s’être appesanti sur la vie qu’il menait après l’avoir rêvée. Aujourd’hui, il reconnaît se nourrir de l’oeil expert de Pépé. De son côté, le poids welter envie « l’ordinateur du ring » que représente à ses yeux Arrami. « C’est un boxeur superréfléchi, parfois même trop intelligent », loue Pépé, qui, entre quatre cordes, retrouve un côté « animal ». L’horizon de ces deux hommes va bien au-delà d’un simple carré de lumière. Comme l’après-Covid, l’après-boxe ne les effraie pas. Mais ils savent qu’avant de penser à leur retraite sportive, il leur reste du chemin à accomplir, des marches à gravir, des obstacles à franchir pour tutoyer les étoiles. Tout un travail qui mène vers la gloire auquel et l’un et l’autre entendent s’attacher...