Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Sex and the city, les femmes au pouvoir

Révolution culturelle dans le monde des séries, Sex and the city met en avant une forme de Girls power sans aucune retenue ni tabou. Un carton

- MATHIEU FAURE

Un détail qui en dit long sur l’importance des personnage­s. Carrie Bradshaw, l’héroïne new yorkaise de Sex and the city est une fumeuse dans une ville non-fumeur. On place d’entrée le poids du héros qui, pour le coup, est une héroïne. Et c’est une vraie nouveauté quand HBO sort son bébé en 1998, librement inspiré par les articles, puis du roman, de la journalist­e Candace Bushnell. Pour la première fois, une femme est au coeur d’une série télé. Mieux, ce sont quatre femmes qui brillent en assumant tout : boulot, garde-robe, ton, sexualité. Derrière les manettes, Darren Star, un homme qui sait comment rendre un programme viral puisqu’il est le créateur de Beverly Hills 90210 et de Melrose Place. Sauf que le label HBO change tout et permet une liberté totale sur les dialogues et les images. Alors là où l’auto-censure était souvent de rigueur sur les personnage­s féminins, Sex and the city se laisse aller à une grande évasion. Tout change, la silhouette des femmes, leur vocabulair­e, leur importance à l’écran, leur domination, leur vie. Ainsi, voici un carré d’As qui va enchanter le monde et sublimer New York pendant six saisons : Carrie Bradshaw donc (Sarah Jessica Parker) mais aussi Samantha Jones (Kim Catrall), Miranda Hobbes (Cynthia Nixon) et Charlotte York (Kristin Davis). La série est centrée sur Carrie, journalist­e indépendan­te qui s’envoie sur des billets d’humeur pour le New York Observer perchée sur des talons Jimmy Choo. D’entrée, le prisme a changé. La femme n’est plus un rôle accessoire dans une série, elle en est le sujet ultime et central. Le quatuor se retrouve souvent autour d’un verre ou d’un repas et assume de ne plus faire de métier « alimentair­e », tout en gérant l’intégralit­é de sa vie, du mariage à la maternité en passant forcément par la sexualité. Ici, pas de pression sociale, la femme est la patronne. Tout est résumé dans le titre, la femme moderne veut le sexe et la city. Autrement dit, faire ce qu’elle a envie, quand elle en a envie, avec qui elle en a envie. La série est novatrice car elle ose tout, comme réussir à faire du personnage de Samantha Jones une égérie de l’époque, cette femme mûre qui a tout essayé en matière de sexe, assume de n’être jamais rassasiée tout en gérant parfaiteme­nt sa vie profession­nelle où elle bosse dans les relations publiques. Tout l’inverse de la plus coincée de la bande, Charlotte. Cette dernière aime l’art et s’est convertie au judaïsme par amour, c’est l’avatar du modèle américain classique, ancienne cheerleade­use, très impliquée socialemen­t dans sa communauté. Miranda, elle, est avocate. Brillante au demeurant, elle a eu un enfant avec son époux, Steve Brady, malgré quelques virages serrés au sein du couple. Et Carrie dans tout ça ? Amoureuse du dénommé Big (on apprendra le prénom dans... le dernier épisode), elle va passer six saisons à chercher l’amour. Sans forcément se montrer caricatura­le, la série tombe forcément dans les clichés puisque les quatre femmes sont facilement classables : l’héroïne, la croqueuse d’hommes, la carriérist­e et la prude. Qu’est ce qui lie ces quatre femmes ? L’amitié évidemment. Pendant longtemps, on a fait le raccourci clavier facile qui permet d’avancer que la série ne parle que de sexe car pour la première fois à la télévision – on est en 1998, il faut recontextu­aliser – on aborde librement et sans gène, des sujets comme la masturbati­on féminine, la sodomie, la fellation ou les sex toys. En réalité, Sex and the city parle surtout d’amitié. D’ailleurs le personnage de Kim Catrall résume bien l’état d’esprit en avançant que « les femmes sont faites pour l’amitié, les hommes pour baiser ». Mais oui, on parle beaucoup de sexe mais aussi de choses moins légères : la maladie, l’adoption, l’infertilit­é ou le sexisme. Vingt-deux ans après son arrivée sur les écrans, la série reste une pionnière dans le genre. Elle a ouvert une porte dans le domaine du plaisir féminin mais pas que puisqu’on y aborde d’autres sujets comme la mode, le tout dans un décor disparu : le New York d’avant les attentats du 11-Septembre. Mais c’est surtout l’héritage laissé par la série qui permet de mesurer son importance. Dans la foulée, on a vu débarquer des projets novateurs comme Girls, Fleabag ou Girlfriend expérience.

Sex and the city, 6 saisons, disponible sur OCS.

Du sexe mais surtout de l’amitié

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