Leçons d’un scrutin hors norme
Contexte exceptionnel, abstention record, tensions exacerbées... Le vote de dimanche clot un épisode démocratique local fort, dont plusieurs enseignements peuvent être tirés
Au terme d’une campagne inédite, les électeurs ont enfin fini de dessiner le nouveau paysage politique local du centre Var (lire aussi notre édition d’hier). Au-delà des situations dans chaque commune concernée, forcément spécifiques, plusieurs leçons sont à retirer, globalement du scrutin.
Le grand vainqueur : l’abstention
On peut trouver une foule d’explications exogènes – crédibles – à cette abstention record : menace du Covid et contraintes sanitaires, forte chaleur et attrait de la plage supérieur à celui de l’isoloir, etc. Toutefois, la classe politique, même locale, ne peut s’exonérer d’une toujours nécessaire remise en cause : cette abstention témoigne aussi au mieux d’une certaine indifférence, au pire d’une défiance de la population grandissante envers ses élus. Si cela n’enlève rien au mérite des vainqueurs de dimanche, l’argument de leur légitimité pourrait aussi leur être renvoyé par leurs opposants, notamment en cas de mandat compliqué...
Quelle « prime aux sortants » ?
Parmi les légendes d’une élection municipale, celle de la « prime aux sortants », qui veut qu’un maire-candidat bénéficie d’un avantage certain du fait de sa situation, a encore été démentie ce dimanche. Si plusieurs maires sortants ont en effet été reconduits, parfois assez sereinement (Gérard Fabre à Garéoult, Jean-Claude Félix à Rocbaron ou encore Catherine Altare à Puget-Ville), d’autres ont connu une très mauvaise soirée. Christine Lanfranchi (Saint-Maximin, même si elle n’était plus officiellement maire depuis 2017), Pascal Verrelle (Le Luc), Patrick Genre (Carcès) ou encore Yves Mancer (Rians) peuvent en témoigner : les électeurs peuvent aussi choisir de sanctionner un maire dont ils semblent insatisfaits. Être candidat dans le costume du maire est donc un exercice à double tranchant. Ni « prime aux sortants » ni « dégagisme », donc.
Du changement dans les intercos ?
Si elles ne sont pas toujours les organes les plus transparents de la vie démocratique, et que nombre de débats et de décisions y ont lieu en bureau, loin des regards, plutôt qu’en séances publiques, les intercommunalités vont aussi voir leurs gouvernances évoluer avec les résultats de dimanche.
Les présidents sortants de Provence verte (Didier Brémond), Coeur du Var (JeanLuc Longour) et Provence Verdon (Bernard De Boisgelin) ont tous trois été réélus dans leurs communes. Pour autant, souhaiterontils encore présider ces intercos ? Et si oui, y seront-ils encore majoritaires ? Difficile d’imaginer un nouvel élu « menacer » le poste de président de Didier Brémond
en Provence verte, mais une candidature face à lui ferait déjà office de message quant à une éventuelle – et compliquée – opposition à l’échelle intercommunale. Si les intentions des uns et des autres ne sont pas encore connues, Jean-Luc Longour et Bernard de Boisgelin devront quant à eux composer avec de nouveaux élus, parfois dans des communes plus importantes que la leur (notamment Le Luc, pour Coeur du Var, ou encore Rians et Barjols en Provence Verdon)...
Il était temps que ça cesse
Tensions – voire agressions, comme à Pignans, lire par ailleurs – échanges vifs – voire insultants – sur la voie publique ou les réseaux sociaux, affiches détériorées... L’entre deux tours exceptionnellement long a-t-il échauffé les esprits, ou ces tristes comportements – malheureusement pas si rares lors d’une campagne – auraient-ils tout de même eu lieu dans un contexte « normal » ? Dur à dire... Il était temps tout de même que cela cesse. Désormais que les électeurs ont clairement tranché, souhaitons que l’apaisement et la conconcorde, au nom de l’intérêt général, retrouvent leur place... Les tout prochains conseils municipaux d’installation livreront ainsi des indices sur l’ambiance à venir tout le mandat dans l’enceinte municipale.