Lemaître, droit au but
Le président du RCT Bernard Lemaître n’attend plus qu’une chose : la reprise de la compétition pour voir ses joueurs remporter un titre. « Nous pouvons y arriver » assure-t-il
En bon président et premier supporter du RCT, Bernard Lemaître aimerait plus que tout parler rugby, jeu au large, mêlée et Top 14. Mais depuis quatre mois maintenant, il est comme « en chemisette sous une pluie battante ».« Je subis, déplore-t-il. J’ai évidemment hâte que la saison reparte. » En attendant, il peaufine ses dossiers, défend mordicus les intérêts de son club et du Top 14 et se met à espérer à des lendemains qui chantent. À des titres qui fuient le RCT depuis cinq ans maintenant.
Comment le club a traversé la crise du coronavirus sur un plan économique ?
Il a fait face. Nous avions anticipé les difficultés, même si la période a été dure à vivre. Quand une entreprise n’a aucune recette et doit faire face à des frais fixes qui sont chez nous à % des salaires de personnes dont on ne souhaite pas se séparer, c’est difficile. Il faut faire le dos rond. Et quand, comme c’est le cas ici, il n’y a qu’un seul actionnaire, il est très sollicité...
Vous aviez déjà mis la main à la poche à votre arrivée...
Ce n’était pas la même situation. Il y avait alors un déficit à effacer. Mourad Boudjellal souhaitait s’en sortir en vendant des joueurs, comme Tuisova. Mais le rugby, ce n’est pas le foot. Les sommes ne sont pas les mêmes et cela n’aurait pas suffi de toute façon. Je ne voulais pas, en outre, qu’on se sépare du trois-quarts le plus influent alors que Patrice Collazo effectuait sa première saison au club. Cette technique de rustine n’est pas une tactique viable à long terme. J’ai pu, au final, remettre les choses à niveau sur le plan juridique et financier. Nous sommes repartis d’une page blanche avec une seule société : le RCT.
Aujourd’hui, malgré la crise, les partenaires sont-ils restés fidèles ?
La majorité des partenaires nous ont suivis alors que beaucoup subissent des dommages sociaux et commerciaux. Je ne les remercierai jamais assez. Cela prouve leur attachement. Il y a eu
quelques adaptations pour certains, mais malgré tout, le budget sera non inférieur à la saison dernière. Il pourrait même être légèrement supérieur. Le but est, dans cinq ans, de remonter à millions, comme ce fut le cas à une époque.
Et en ce qui concerne les abonnements ?
Nous serons sur la même base que l’an passé. Les supporters sont une composante essentielle pour animer Mayol. Nous nous sommes rendu compte ces dernières années qu’il y avait un public un peu trop spectateur et moins passionné. J’espère que cela reviendra avec du succès
sportif.
Depuis votre arrivée, vous n’avez pas eu beaucoup le temps pour vous occuper de rugby à proprement parler...
Absolument. Si je suis venu au RCT, c’est parce que c’est le rugby qui m’intéresse. Là, je suis enseveli sous des tâches de toutes sortes. Mais la finalité est de faire du RCT un club pro jusqu’au bout des ongles.
Dans cette optique, un rebond du COVID- serait dramatique ?
Notre principale crainte, outre la santé des gens, est le huis clos. Nous ne pouvons pas jouer dans un stade vide. Sur ce point, j’ai bon espoir. Ça va s’ouvrir. Le ministère a compris qu’il fallait relâcher sur ce point. Mais après, dans quelles conditions cela se fera-t-il ? Il ne faut pas qu’elles soient trop décourageantes pour les supporters.
Vous avez en effet un quart de finale de Challenge cup à jouer à domicile (face aux Scarlets, le septembre)...
Nous faisons de la Challenge cup
un objectif. Toulon n’a jamais remporté ce trophée, et les joueurs signent ici pour gagner des titres. On a une belle équipe, qui peut aller au bout. Il y a une cohésion formidable, avec une stabilité dans l’effectif qui est à mon sens un facteur de succès. À ce titre, le renouvellement de contrat de Sergio Parisse (pour une saison) est un signal fort.
Selon vous, Patrice Collazo n’est pas étranger à cette cohésion.
La carrière de Patrice au club sera longue car il possède toutes les qualités d’un leader. Il est droit, strict et juste. Il peut être fraternel avec ses joueurs. Nous pouvons construire avec lui. En fait, ma politique sportive est assez simple. Je veux m’appuyer sur des leaders naturels comme Etrillard ou Serin. Puis avoir autour des jeunes de qualité, comme Ikpefan ou Cordin. Et ensuite seulement, on effectue un recrutement ciblé. L’arrivée de Toeava découle de cette politique. Parisse est une sorte de « papa » devant. Je voulais la même chose derrière. Toeva peut tenir ce rôle.
Vous avez postulé pour intégrer le comité directeur de la Ligue nationale de rubgy. Pourquoi ? Je n’étais pas demandeur, mais au club on m’a fait comprendre que ce serait bien que j’y sois. Depuis le départ de Mourad, un siège est vacant. J’ai appris que Didier Lacroix postule aussi. Mais je ne suis pas en concurrence avec lui. Si je suis élu, je porterai la voix du RCT à la LNR.
En parlant de Mourad Boudjellal, que pensez-vous de son projet de rachat de l’OM ?
Je suis dubitatif, comme souvent avec lui (rires). C’est quand même fou, mais cela ne m’étonne pas. Je lui souhaite d’y arriver.
Et à vous, que peut-on vous souhaiter ?
(du tac au tac) Un titre ! Je n’y vais pas par quatre chemins et ce n’est pas une marque d’arrogance de ma part. Je pense sincèrement que nous pouvons y arriver dès la saison prochaine. Ce ne serait qu’une juste récompense pour tout le travail effectué par les joueurs, mais aussi l’ensemble du personnel du club.
La carrière de Patrice (Collazo) au club sera longue ”