Le groupe Jeanne d’Arc 2020 de retour à Toulon
Partis de Toulon le 26 février dernier, avec à leur bord quelque 140 officiers-élèves, le Mistral et le Guépratte sont rentrés hier à Toulon. Quatre mois de mission d’une rare intensité dans le contexte de coronavirus
E «ngagez-vous, vous verrez du pays » .De loin, vous préciseront sans doute les quelque 140 officiers-élèves qui rentraient hier matin à Toulon de quatre mois de mission Jeanne d’Arc. Crise sanitaire oblige, cette mission, dont l’objectif premier est de former les jeunes officiers de marine à leur futur métier, aura en effet été considérablement modifiée. « L’année 2020 est inédite et exceptionnelle, car marquée par la pandémie de Covid19. La cinématique de la mission, comme les conditions de vie à bord et lors des escales de travail ont été considérablement modifiées », reconnaît le capitaine de vaisseau Vincent Sébastien, commandant du groupe Jeanne d’Arc 2020.
Dérouté vers le sud de l’océan Indien
Les équipages du porte-hélicoptères amphibie Mistral et de la frégate furtive Guépratte n’ont pas été véritablement surpris. Le 26 février dernier, à l’occasion de leur appareillage, l’amiral Christophe Prazuck les avait prévenus. Faisant référence à l’opération Baliste, qui avait consisté à évacuer des ressortissants français et étrangers pris au piège du conflit israélo-libanais, le chef d’état-major de la Marine avait alors déclaré : « En 2006, les marins du Mistral ne pensaient pas qu’ils se retrouveraient, quelques jours à peine après avoir quitté Toulon, dans le port de Beyrouth sous la menace de missiles antinavires ». Cette fois pas de conflit à proprement parler, mais « une guerre contre un ennemi invisible », pour reprendre le vocable du président de la République. « Dès le 26 mars, le groupe Jeanne d’Arc a été intégré à l’opération Résilience au profit de nos concitoyens de Mayotte et La Réunion », déclare le commandant Sébastien. Le groupe Jeanne d’Arc 2020, qui naviguait en direction de la Nouvelle-Calédonie, négocie alors un large virage à droite et met le cap au sud. « Le 4 avril, le sous-groupement tactique a débarqué à Mayotte, en renfort du détachement de la Légion étrangère présent sur place. Dans la foulée, on a multiplié les allers-retours avec la Réunion. Au total, on a transporté 733 tonnes de fret – pour l’essentiel des milliers de masques, du gel hydroalcoolique, des véhicules de chantier et un hélicoptère – qui ont été délivrées aux autorités civiles mahoraises », détaille le commandant Vincent Sébastien. Si cette participation à l’opération Résilience est la plus marquante de la mission Jeanne d’Arc 2020, le PHA Mistral et la frégate furtive Guépratte ont tout au long de ces quatre mois de mer été intégrés aux opérations des forces armées françaises. De passage en mer d’Arabie et dans le golfe d’Aden, les deux navires de guerre ont ainsi renforcé la Task Force 150, opération de lutte contre les trafics illicites qui contribuent au financement du terrorisme. Ou encore l’opération européenne Atalanta de lutte contre la piraterie.
Des officiers-élèves opérationnels
De retour en Méditerranée début juin, ils ont également participé à l’opération européenne Irini visant à faire respecter l’embargo des Nations Unies sur les armes en Libye. Contrairement à la frégate Courbet, illuminée à plusieurs reprises par le radar de conduite de tir d’une frégate turque, « nous n’avons pas été en contact direct avec la marine turque », assure le commandant Sébastien. Au bout de quatre mois d’activité soutenue – « dans des conditions éprouvantes »–, le groupe Jeanne d’Arc 2020 est donc rentré à Toulon hier matin « avec des officiers-élèves parfaitement employables ». Après quelques jours de permission, ces derniers devraient rejoindre leur première affection dans l’été.