Dans le cercle des Fillon
Il faut se méfier des couvertures… Directeur adjoint de la rédaction de Valeurs actuelles, Denis Tugdual ne révèle aucun secret. Passé un titre ronflant, il recadre d’ailleurs l’objet de son ouvrage : restaurer l’image de François Fillon pour la postérité, rentrer dans sa vie pour reconstituer sa personnalité, plutôt que décrypter l’affaire qui l’a démoli. « Cela ne doit pas être un document politique mais un album personnel. » Fort d’une empathie assumée, l’auteur a été admis, en , dans le cercle amical et familial du « paria », dans le but avoué et partagé d’en faire un livre. Repas, partie de chasse, week-end dans son havre sarthois, il a partagé avec lui quelques tranches de vie. Qui ne nous apprennent au fond pas grand-chose qu’on ne supputait déjà sur François Fillon, homme cadenassé qui répugne à se livrer, y compris avec ses propres enfants. Il a reçu, dans ses déboires, peu de marques de sollicitude, mais il le concède lui-même : « C’est un peu de ma faute, car je ne dis rien, je ne parle pas. Les gens ont besoin de témoignages d’affection au quotidien, je ne suis pas capable de les leur donner. » Edouard, l’un de ses quatre fils, cible « la non-intelligence sociale » de son père. Didier Tugdual expose donc un Fillon « barricadé à l’extrême » depuis la mort de son frère Arnaud, à dix-sept ans, dans un accident de la route. « Il ne répond pas aux SMS, peut se présenter les mains vides à un dîner et n’en organise pas. » Il dépeint un solitaire qui déteste la vulgarité et aime les belles choses, sans être bling-bling, ne semblant être à son aise et naturel qu’entouré de son noyau d’amis proches ou en famille, son socle et sa bouée. « Je n’ai pas de doute sur le fait qu’il s’agit de quelqu’un de bien », dit de lui son petit-fils Antoine, tandis que Denis Tugdual s’émeut du sort de Penelope, qui a visiblement moins bien encaissé le choc que son mari, délaissant désormais les sorties au cinéma ou au théâtre pour dévorer des séries à la maison, dit-il. Ce livre, qui rappelle que nul n’est tout noir ou tout blanc, est dénué de véritable scoop. Sinon que François Fillon, s’il était devenu Président, souhaitait nommer Bruno Retailleau à Matignon, avant que les aléas de la campagne ne le contraignent à promettre la place à François Baroin. Son ami et ancien patron d’Axa Henri de Castries aurait obtenu la Défense, Bruno Retailleau filant à l’Intérieur en guise de lot de consolation. C’est Eric Ciotti qui va être déçu s’il lit ce bouquin…
La vérité sur le mystère Fillon, Plon, 284 pages, 18 euros.