Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Vingt ans pour le violeur violent de Saint-Aygulf

- G. D.

La cour d’assises du Var n’a pas eu à débattre bien longtemps de la culpabilit­é d’Islam Ben Abdallah, tant pour les faits de viol que pour la tentative de meurtre qui l’accompagna­it, les deux ayant été commis en public et en flagrant délit. Elle a condamné hier ce jeune homme, qui avait un casier judiciaire vierge en France, à vingt ans de réclusion criminelle et à l’interdicti­on définitive du territoire.

Victime anéantie

La cour a entendu le psychologu­e qui a examiné la victime. Il a été frappé par la souffrance exprimée par cette femme de 68 ans, à l’évocation des faits qui hantent toujours ses nuits. « Je criais au secours quand je voyais des gens, lui avait-elle dit. Des gens qui passaient et ne faisaient rien. J’ai mal partout, dans ma peau et dans ma tête. » Pour cette femme, à la personnali­té équilibrée, et qui menait une retraite heureuse à Saint-Aygulf, tout s’est effondré. « On pourrait la mettre dans un manuel pour décrire un tableau de stress post-traumatiqu­e sévère, a confirmé le psychologu­e. Elle a été amputée durablemen­t d’une partie de sa personnali­té. Elle ne reviendra jamais à l’état antérieur. Une fois que c’est cassé, c’est cassé. »

Pulsion primaire

S’agissant de l’accusé, le psychologu­e a indiqué que son passage à l’acte avait été conditionn­é par la prise de toxiques (alcool et cannabis). Pour lui, son amnésie sur les faits pouvait tout aussi bien avoir été provoquée par l’alcool, qu’être une stratégie de défense judiciaire et narcissiqu­e. Selon le psychiatre, l’accusé était « un psychopath­e dans le déni », qui avait agi sous le coup d’une « pulsion primaire ». «Iln’yapaseude préméditat­ion. C’est un peu l’occasion qui a fait le larron. »

L’amnésie : un subterfuge

L’avocate générale Stéphanie Félix ne croyait pas à l’amnésie lacunaire d’Islam Ben Abdallah. « Il a été surpris en crime flagrant, donc il ne peut pas nier la matérialit­é des faits, alors il dit qu’il ne se souvient de rien. Sa fameuse amnésie est un subterfuge pour ne pas avoir à assumer. » « C’est un individu dangereux qui s’est conduit comme un prédateur, avec une déterminat­ion sans faille », a-t-elle conclu, pour requérir vingtcinq ans de réclusion et l’interdicti­on définitive du territoire.

Un black-out, selon la défense

Me Patrick Giovannang­eli s’est dit surpris, en dépit de nombreux procès d’assises plaidés en près de trente ans de carrière. « Je n’avais jamais vu quelqu’un violer une personne en pleine journée, au vu et au su de tout le monde, dans un jardin public. Pourquoi commettre un viol dans ces conditions ? » Autre interrogat­ion de l’avocat de la défense : « Comment est-il possible qu’il ne se souvienne de rien ? Cette position est la pire pour un accusé et son avocat. Parce que la victime et les juges ont besoin d’explicatio­ns. » Me Giovannang­eli en était réduit aux conjecture­s : « Est-ce qu’Islam Ben Abdallah n’a pas été victime d’un blackout total ? » Ce silence radio aurait pu être lié à une alcoolisat­ion massive, mais ce n’est pas une circonstan­ce atténuante. C’est donc sur la peine que s’est concentré le défenseur. « Vingt-cinq ans me semble être une peine démesurée. C’est celle que les assises réservent aux assassinat­s. Il y a de l’espoir pour lui, ce n’est pas un mauvais garçon lorsqu’il est tout à fait à jeun. Laissez-lui une porte ouverte. »

 ?? (Photo Patrick Blanchard) ?? Le leader syndical, Olivier Masini, d’une heure. a été entendu par les policiers pendant près
(Photo Patrick Blanchard) Le leader syndical, Olivier Masini, d’une heure. a été entendu par les policiers pendant près
 ?? (Croquis d’audience Rémi Kerfridin) ?? L’avocate générale, Mme Félix, avait requis vingtcinq ans contre Islam Ben Abdallah, le clandestin tunisien qui a demandé le pardon de sa victime.
(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) L’avocate générale, Mme Félix, avait requis vingtcinq ans contre Islam Ben Abdallah, le clandestin tunisien qui a demandé le pardon de sa victime.

Newspapers in French

Newspapers from France