Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’euro symbolique pour une coupe pas chère et protégée

Dans la vieille ville près du port, le Salon Thierry est une institutio­n. Marins, marlous et Toulonnais qui comptent viennent s’y faire coiffer. Et mettent 1 euro au pot depuis le Covid !

- F. DUMAS

Thierry se l’est promis : « Jusqu’à la fin de la crise sanitaire, je coiffe mes clients en toute protection mais je ne grève pas leur budget ». Depuis le déconfinem­ent, il a donc appliqué une règle simple : 1 euro de plus sur le prix de la coupe de cheveux... mais une coupe à 10 euros, pas plus ! En moyenne, cela revient ailleurs entre 20 et 30 euros à un homme. Et si beaucoup de commerçant­s ont augmenté légèrement leurs prix pour « absorber » le surcoût dû au protocole sanitaire obligatoir­e, Thierry, lui, a préféré jouer la transparen­ce : « Les gens comprennen­t tout de suite et, au final, s’y retrouvent », confie le boss des lieux.

Au milieu des bars à hôtesses...

Son salon, situé rue VictorMich­olet, existe depuis des décennies : « Mon ancien patron, Fernand Audibert, a quitté le salon dans les années 2000 mais cela faisait 40 ans qu’il était là. Moi, je suis arrivé en 1985 et j’ai toujours été attaché au quartier. » Le quartier, justement : à deux pas du port, le Salon Thierry était entouré, aux grandes heures de Chicago, de bars à hôtesses qui proliférai­ent partout. « Onena compté jusqu’à cent dans le coin ! », ajoute-t-il en souriant. Mais jamais, ni Fernand, ni lui, n’ont cédé leurs 32 mètres carrés dévolus au cheveu bien peigné pour hommes. « C’est pour cela que lorsque j’ai appris qu’il fallait gel et masques à volonté pour travailler, je n’ai pas hésité. J’ai utilisé ce protocole pour faire une offre marrante : un euro de plus mais une coupe pas chère et rapide ! ».

La brosse carrée

Dans son salon aux sièges authentiqu­es Figaro, datant des années 1970, les clients défilent. Thierry met son masque et rase, tond, coupe à l’ancienne : « Ma spécialité, c’est la brosse carrée qu’apprécient les marins en escale ». Dans le quartier, seuls deux salons pour hommes subsistent. « Dans le premier, Renaud était venu se faire couper les cheveux. Ici, c’est Luis Mariano qui avait ses habitudes. Sur ces sièges sont venus des rockers, des gens de bonne famille, des marins en goguette... Tout Toulon s’est assis là et j’espère que ça va continuer encore longtemps ».

Thierry peigne, coiffe et désépaissi­t à l’ancienne. Mais en respectant le protocole sanitaire en vigueur.

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(Photos F. D.)

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