Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Toutes les femmes de sa vie

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Àl’autre bout du fil, elle est à l’image de sa musique. Généreuse, sincère parfois intense et soudain plus posée. Sarah Rebecca est le premier album de la chanteuse. Sous ce pseudo, seulement, puisque sa carrière est remplie d’autres aventures. Tout juste majeure, mordue de folk, elle fut Vera Gogh. Puis il y eut S. R. Krebs, plus portée sur une électro-pop. Une « figure » qui donnera envie aux Français French 79 et Kid Francescol­i de collaborer avec elle, avec de jolis succès à la clé, dont le titre Diamond Veins, avec le premier nommé. Nous voilà désormais en présence de Sarah Rebecca. L’avatar d’une chic nana se parant des atours de la diva. Attitude « larger than life », lèvres carmin, chevelure à la Marylin. « J’adore aussi traîner en pantalon de yoga. Mais quand c’est le moment, j’aime bien basculer dans cet imaginaire. » Pas question, en revanche, de traiter son équipe comme de vulgaires laquais à sa botte. « Ce n’est pas du tout mon truc. J’espère que les gens avec qui je travaille pensent aussi ça de moi. Dans ce métier, on m’a tellement traitée comme si je ne valais rien que je ne ferais jamais pareil aux autres. » L’Américaine sait se sortir des voies sans issues. Très tôt, la gamine chantait dans les églises d’Ocean Springs, Mississipp­i. Elle était déjà décidée à faire de cette passion un métier. Un tout petit peu plus tard, elle a compris qu’il lui faudrait fuir ce Sud profond, conservate­ur, où les bonnes choses et les ambitions n’étaient réservées qu’aux hommes. Aujourd’hui, Sarah Rebecca a le sentiment d’être devenue la femme dont « (elle) avait besoin quand (elle) était enfant ».

Kaléidosco­pique

Une femme aux multiples facettes. Combative, optimiste, pleine d’envies. Mais aussi touchée par l’incertitud­e et des failles plus profondes. « La musique, c’est le seul terrain où je peux vraiment exprimer ce que je ressens. Dans ma famille, on ne parlait jamais de nos sentiments. » Sarah Rebecca avance sans filets. Sans frein non plus. « Cet album, ce sera peut-être le dernier si ça ne marche pas. Mais je m’en fous, il est là et il me ressemble. Je n’ai pas eu à me trahir pour qu’il existe. Et je me dis que c’est mon moment. Peu importe ce qui arrivera. Je crois que les choses arrivent pour une bonne raison, quand elles doivent arriver », assure l’artiste. Sur ce disque, concocté en compagnie de nombreux producteur­s (Jonathan Ducasse, Plaisir de France, Anoraak, etc.), sa prise de liberté est effectivem­ent grande. Sarah Rebecca penche souvent vers la pop synthétiqu­e et classieuse (Nightliner­s, Rainin’ in Love, Higher Desire) mais s’accorde aussi de petits plaisirs plus dépouillés, pour des ballades piano-voix (All That I Am ou The Magic). « Ce que je veux, c’est transmettr­e de l’énergie, guérir les âmes aussi. Vous me prenez pour une folle ? », finit-elle par demander en se marrant, entre français et anglais.

Je me dis que c’est mon moment. Peu importe ce qui arrivera”

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