Sous belle escorte
Recueillie très affaiblie il y a un an sur la plage de la Nartelle, une tortue a été relâchée hier en mer par le centre de réhabilitation de la faune sauvage de Marineland
En observant l’élégant ballet de la tortue Ana, libre de ses mouvements en mer, Sophie essuie une larme. Voici un an qu’elle et tous les membres du centre de réhabilitation de la faune sauvage (CRFS) de l’association Marineland dédiée aux tortues marines, prennent soin de la jeune caouanne.
Le fléau du plastique en mer
Un épilogue heureux pour ce reptile trouvé très mal en point en mai 2019 sur la plage de la Nartelle et prise en charge par la biologiste marine Sidonie Catteau, chargée de projet au sein de l’association Marineland : « Ana est arrivée recouverte de 3 kg d’anatife, crustacés filtreurs qui se sont fixés sur sa carapace. Cette énorme quantité d’anatifes l’empêchait de se mouvoir librement. Ana flottait, n’arrivait pas à sonder et s’épuisait en essayant de rejoindre les fonds. Elle était dans un état de déshydratation très important et sous-alimentée. Des examens approfondis réalisés en collaboration avec les experts tortues de France, nous ont permis de découvrir un état inflammatoire des poumons et un sac plastique dans son système digestif. Corps étranger qui a mis son métabolisme à l’arrêt ». Quelques jours après le retrait du déchet plastique, Ana a pu sonder, puis se réhabituer à la nourriture qu’elle ne reconnaissait plus. En un an, le poids de la tortue marine est passé de 22à29kg. Cette présence de plastique est, hélas fréquente et la biologiste la constate quasi systématiquement sur les tortues recueillies par le centre. Malgré les nombreuses problématiques rencontrées par la tortue caouanne, sa réhabilitation est une victoire pour le centre qui a pu la relâcher hier à 7 000 nautiques du port de SainteMaxime, dans une zone préservée des activités nautiques et de pêche.
La responsabilité de tous
C’est à bord du bateau de Franck Mottair, propriétaire du club de plongée H20 qu’Ana a regagné les eaux du large. Pendant le voyage, la tortue À bord du bateau qui la mènera au large, Anna, marraine de la tortue Ana pulvérise de l’eau de mer sur sa protégée. a fait l’objet de tous les soins, notamment de la part de sa marraine Anna, 6 ans, chargée de lui pulvériser régulièrement de l’eau de mer. Arrivée loin de toute activité, la tortue, posée sur un tapis, a été progressivement immergée dans l’eau, avant de s’ébattre librement dans la Grande Bleue. Un moment particulièrement émouvant pour les observateurs présents. À travers l’exemple d’Ana, les collectivités et les associations d’observation et de préservation de la faune (lire ci-contre) tentent d’alerter l’opinion sur les dommages engendrés par l’incivisme de l’homme et la nécessité d’une prise de conscience, par tous, de la fragilité de notre environnement.
En mai , la tortue marine avait été retrouvée recouverte de kg de crustacés anatifes.
Pour son retour à la liberté, Ana a bénéficié de l’escorte du bateau de la SNSM, de celui de l’observatoire marin (Comcom) et de la vedette de la brigade nautique de Sainte-Maxime. Cette dernière, membre, avec le CRFS, du réseau tortues marines de Méditerranée française (RTMMF) a joué un rôle actif en rapatriant rapidement la tortue au centre. L’adjoint à l’environnement maximois Max Esposito a annoncé : « Une grande campagne de sensibilisation contre les déchets sur les plages ». De son côté, la Communauté de communes, à travers l’Aire Marine Protégée, travaille à rendre compatible les activités socio-économiques (notamment touristiques) et la conservation de la biodiversité. Les tortues caouannes comme les six autres espèces de tortues marines, sont toutes inscrites sur la liste rouge des espèces menacées de l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Les tortues sont bio-indicateur du milieu dans lequel elles évoluent. Si des déchets sont retrouvés dans leur métabolisme, c’est que leur milieu de vie est pollué.