Festival des Tragos : deux mois d’émotions en plein air
Ce samedi, à 21 h 30, le Festival théâtral présentera tous les spectacles qui seront joués du 6 juillet au 28 août, dans un format fatalement inédit en raison de la crise sanitaire
Après les représentations au chapeau, qui jadis rémunéraient les comédiens, voici celles avec masques, pour la 43e édition du Festival des Tragos. Ce n’est pas Venise, ni Avignon, d’ailleurs en berne, mais bien Pardigon et un festival unique en son genre en Europe. Samedi, à 21 h 30 et avant un cocktail offert par le Casino de Cavalaire, Béatrice et Emmanuel Seignez vont présenter en images la programmation pensée avec Mireille Guerrero et déclinée en six soirées par semaine jusqu’à fin août. Dans le contexte sanitaire actuel, c’est un exploit de proposer une affiche culturelle aussi ambitieuse quand tant d’autres ont annulé ou transformé leur scène en espace numérique.
Spectacle vivant avant tout
Pour l’association des Tragos, l’important était de tenir le spectacle vivant et, malgré d’inévitables aménagements, le théâtre de verdure de Pardigon sera bel et bien présent pour une vraie bouffée d’air frais cet été dans le Golfe de Saint-Tropez. Mais comment ont-ils fait ? Emmanuel Seignez, son président, s’en explique : « 2019 fut une très bonne année, en passant la barre symbolique des 10 000 spectateurs. Nous sommes en progrès, notre programmation s’ouvre à un public qui lui aussi se renouvèle. Alors, confrontés à cette crise sanitaire, nous avons fait le siège des instances pour savoir comment maintenir notre espace scénique si particulier. Il nous a fallu rédiger un protocole d’ouverture, détaillant les mesures prises à tous les points de notre organisation : bénévoles, régisseurs, compagnies invitées et bien sûr accueil du public. Ce travail a reçu l’aval du préfet, à nous d’en respecter les termes et tout ira bien… »
spectateurs
Concrètement, cela signifie plusieurs restrictions, détaillées sur le tout nouveau, tout beau site du Festival : une jauge réduite de 300 à 160 personnes environ, avec espaces condamnés entre les groupes dans les gradins. Les spectateurs sont cette année priés d’apporter leurs coussins, impossibles à nettoyer après chaque représentation. La billetterie sera organisée avec un minimum de contacts. La buvette et les premières parties dans le jardin d’avant-scène ne seront pas organisées cette année : trop de manipulations exigeantes, moins de convivialité mais « ces frustrations valent mieux que ne rien faire. Et nous allons jouer le jeu des règles actuelles, même s’il est possible que les mesures sanitaires s’assouplissent sous peu. Car si une seule personne se déclare positive Covid-19 en pointant du doigt sa présence au festival, ce sera quatorzaine pour tout le monde et le festival devra s’arrêter. Donc nous resterons prudents…» En termes de communication, le nouveau site internet a été financé par un ami mécène, qui mènera aussi une campagne de marketing digital (Facebook, Instagram), bienvenue quand 25% seulement des brochures papier habituelles seront imprimées.
M odèle revisité
« Nous avons travaillé nos textes en visioconférence pendant toute la période du confinement et anticipé l’impact économique d’une jauge réduite par un programme moins coûteux,
Guitry, Rostand, Cervantès… De grands classiques seront revisités dans une programmation très étagée qui inclut diverses pépites axées sur le burlesque, le verbe, l’ubuesque, la modernité, le risible et toutes les interpellations que peut prodiguer un théâtre. Sur ce format, la Compagnie des Tragos, les ateliers théâtre de l’OMC de Cavalaire, la compagnie professionnelle d’Emmanuel Seignez et toutes les troupes invitées n’ont pas ménagé leur peine. Passée la soirée d’ouverture de ce samedi (accès libre), lundi débutent les premiers spectacles avec Les Bonniches (/), de Daniel Besse, sur l’infor-tune touchante de trois comédiens, puis les incisives Pièces en un acte de Sacha Guitry ( et /), Où sont nos rêves, réflexions très féminines et contemporaines de Florence Grillot ( et /), et surtout L’Épidé mie, une jubilatoire satire signée Octave Mirbeau en , à propos d’un conseil municipal réuni en un cas d’épidémie, un texte fort à propos choisi avant même le début de la crise actuelle (/).
plus ramassé, et qui dans sa diversité va garder des têtes d’affiches comme les Chiche Capon ou Vincent Roca. À notre grande surprise, beaucoup de commerces locaux, sponsors ou mécènes, nous suivent en cette année particulière. Cela prouve leur attachement à cette manifestation et nous les remercions très chaleureusement », conclut Emmanuel Seignez. La ville de Cavalaire est bien sûr restée en soutien financier et logistique majeur, comme le Département et les autres communes
(Ramatuelle, La Croix-Valmer et le Rayol-Canadel)dans une moindre mesure. Pour les festivaliers, malgré les masques très recommandés, c’est une aubaine que ces spectacles où découvertes, rires et plaisir sont au menu !
Festival des Tragos, Ferme de Pardigon, RD559, Cavalaire-sur-Mer (parking gratuit). Tarifs (hors Chiche Capon) : 11 euros (plein) ;8euros (adhérents);5euros (-de12ans). Billetterie en ligne et infos sur : www.tragos.fr ou au 04.94.64.33.55. Spectacles à 21 h 30 en juillet, billetterie sur place fermée 10 mn avant.