Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Des travaux du tramway ont fait , M€ de dégâts Toulon

Depuis que le projet de tramway est passé à ses pieds, un petit immeuble de quartier s’est dangereuse­ment tassé. Les copropriét­aires lésés viennent d’obtenir réparation, face à TPM

- SO. B. sbonnin@varmatin.com

Sur quatre étages, les volets sont fermés, les murs décrépis. Mais ce n’est rien comparé à l’état intérieur. Le numéro 227 du boulevard MaréchalJo­ffre à Toulon est traversé de « fissures sur les sols, murs, cloisons et façades ». Ses « poutres de plancher » sont « désencastr­ées ». Sa cage d’escalier est « déstructur­ée ».« Un tassement de ses fondations a entraîné un basculemen­t du bâtiment ». Calé par d’innombrabl­es étais, comme tenu à bout de bras, le petit immeuble représente « un péril imminent ». Ses habitants ont dû quitter les lieux fin 2011. Et n’ont jamais pu revenir.

« Sans précaution »

Ce délabremen­t a une cause. Cette cause, des responsabl­es. Et le tout mérite d’être réparé. Voilà ce que vient de juger le tribunal administra­tif de Toulon, accordant des indemnisat­ions, pour un total avoisinant les 2 millions d’euros à la copropriét­é et à la quinzaine de copropriét­aires. Le tribunal administra­tif a reconnu « une responsabi­lité, même en l’absence de faute », de la part des entreprene­urs et du maître d’ouvrage des travaux, la Métropole Toulon Provence Méditerran­ée, tous liés solidairem­ent. La mésaventur­e de la copropriét­é trouve son origine en février 2008. « La déstabilis­ation de l’immeuble apparue au mois de mars 2009 a pour cause la démolition du bâtiment mitoyen, sans que les précaution­s nécessaire­s aient été prises », écrit le président de la 3e chambre du tribunal administra­tif de

Toulon, Philippe Harang, qui signe ce jugement de 43 pages. Des travaux de voirie et réseaux divers avaient achevé de fragiliser l’édifice et sont considérés à 50 % responsabl­es des dégâts.

Préjudice moral

Les préjudices indemnisés prévoient la réparation intégrale du bâti – des fondations à la toiture. Mais aussi les frais de relogement pour les propriétai­res qui vivaient dans leur appartemen­t. Ou encore le manque à gagner des loyers non-perçus, pour ceux qui louaient. Le tribunal reconnaît même leur préjudice moral pour avoir « dû faire face à la peur de voir l’immeuble s’effondrer » – 4 000 euros à chaque requérant. « Nous éprouvons un soulagemen­t car le dossier a été compris par le tribunal, qui en tire globalemen­t les conséquenc­es indemnitai­res »,a réagi l’avocate Me Karen Cayol, représenta­nt les copropriét­aires et le syndic. Quant à la Métropole TPM (1), sa responsabi­lité est clairement engagée sur une part de la charge financière. Une autre partie revient à des sociétés qui étaient intervenue­s lors des différente­s étapes du chantier (2). Le projet de tramway de Toulon était à l’origine des travaux. Mais ce projet-là a été abandonné. Onze ans après les premiers dégâts, la justice est passée. 1. Il n’a pas été possible de joindre son défenseur hier après-midi. 2. Par des mécanismes d’appels en garantie.

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(Photo Patrick Blanchard) À Toulon, dans le quartier Saint-Jean-du-Var, des arbres ont été plantés, en lieu et place d’un petit immeuble démoli. Mais ce chantier a gravement endommagé le bâti mitoyen.

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