Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Nouvelle condamnati­on contre la « fac privée » Clesi La Garde

La cour d’appel de Grenoble estime que le Clesi ne démontre pas avoir cessé l’enseigneme­nt de kiné en France. Une décision qui ne sert plus à rien selon les responsabl­es de la structure

- P.-H. C.

Depuis 2014, le Clesi (Centre libre d'enseigneme­nt supérieur internatio­nal) multiplie les audiences devant les juridictio­ns. Initialeme­nt nommée « Université Fernando-Pessoa », la structure gardéenne a fait parler d’elle en proposant des formations dans l’univers médical sanctionné­es par des diplômes européens permettant d’exercer en France. Un coup de tonnerre dans le monde éducatif lors de sa création. Problème : alors que les pouvoirs publics semblaient à la peine pour trouver un cadre juridique à cette initiative, les dentistes dans un premier temps, puis plus récemment les kinés, se sont opposés à ce cheminemen­t, destiné selon eux à esquiver le numerus clausus et la stricte réglementa­tion française encadrant les études de santé. Outre une illégalité au regard des textes de loi, ils dénoncent en choeur la médiocrité des enseigneme­nts... et par conséquent le danger qu’ils font courir aux futurs patients. Dernier épisode en date dans ce feuilleton qui dure depuis 2014, un arrêt de la cour d’appel de Grenoble daté de fin juin. Il confirme une décision du tribunal de Toulon de 2017 et donne une nouvelle fois raison au Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithér­apeutes, à leur syndicat national et à la fédération nationale des étudiants en kiné. La cour estime en effet que les pièces fournies par l’associatio­n Clesi « sont bien insuffisan­tes à établir qu’elle a définitive­ment cessé tout enseigneme­nt en France », comme lui a imposé la justice dans une précédente décision. L’associatio­n est condamnée – plus lourdement que par les juges toulonnais – à verser 10 000 euros de dommages et intérêts à chacun des plaignants. Contacté, Bruno Ravaz, créateur de la structure, déplore cette décision qui, selon lui, n’a plus de raison d’être puisque le Clesi a arrêté ses activités depuis deux ans. Il maintient par conséquent que « plus aucun enseigneme­nt n’est réalisé en France » par le Clesi. Aujourd’hui, la structure qui l’a remplacé (et qu’il dirige) n’est selon Bruno Ravaz qu’une « officine de recrutemen­t d’étudiants qui veulent suivre leurs études en Europe ». Baptisé Europe Eduss, son site précise qu’elle propose en effet un « diplôme d’État » en kinésithér­apie... mais avec des parcours en Espagne, au Portugal, en Belgique ou en Suisse, sanctionné­s parfois par des examens à Malte.

Idem pour le « master en médecine dentaire » qui fera voyager ses étudiants entre la Belgique et Malte. Sur le site de La Garde, répondant désormais au ronflant nom d’Institut polytechni­que sport et santé, il ne serait dispensé que quelques cours destinés aux postulants coachs sportifs. « Une formation validée par le rectorat », précise d’emblée Bruno Ravaz en avouant que la filière n’est pas en forme. Regrettant toujours que la justice et les syndicats profession­nels n’aient pas adhéré à son projet et surtout méconnaiss­ent le droit européen qui, selon lui, doit permettre des équivalenc­es entre les différents pays, il revendique cependant « quelques centaines de jeunes qui ont pu obtenir un diplôme et réaliser leurs rêves » grâce aux offices du Clesi. Il assure enfin recevoir des appels quotidiens pour des demandes d’inscriptio­n à Europe Eduss.

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(Photo doc P. Bl.) Depuis , syndicats profession­nels et associatio­ns d’étudiants dénoncent le système de l’université Fernando-Pessoa, rebaptisée Clesi.

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