Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Fermeture du Couvent royal : le directeur dénonce un « gâchis » Saint-Maximin

Mise en demeure de quitter les lieux par le Départemen­t, propriétai­re, l’entreprise hôtelière ne rouvrira pas ses portes. Le directeur donne sa version de l’histoire

- RECUEILLI PAR GUILLAUME JAMET gjamet@varmatin.com

Nous faisions état, dans notre édition du mercredi 1er juillet, de la décision du conseil départemen­tal de mettre fin au bail de l’Hôtel du Couvent royal (HCR), entreprise hôtelière installée dans le bâtiment maximinois éponyme depuis 2017. Cette dernière avait été informée, dès octobre 2019, de la rupture du bail, effective au 30 juin 2020. Depuis, c’est le statu quo : n’ayant pas répondu au Départemen­t, qui lui demandait d’évaluer le montant de l’indemnité d’éviction, l’entreprise conserve, de plein droit, son statut de locataire. Il en sera ainsi jusqu’à ce qu’une décision de justice fixe une somme et que cette dernière soit créditée. Le Départemen­t nous avait indiqué, dans un communiqué daté du 30 juin, qu’il s’apprêtait à saisir un juge en ce sens.

Fermé depuis le  mars

Dans les faits, les lieux sont fermés au public depuis le 18 mars dernier, date à laquelle la direction a répondu aux consignes de confinemen­t gouverneme­ntales. Si le Départemen­t n’invoque pas de raison particuliè­re pour justifier sa volonté de reprendre la jouissance de son bien, Benoît Girard directeur du HCR, éclaire cette décision en évoquant une partie du dossier et des relations qui lient son entreprise au bailleur.

On a entendu dire que l’entreprise était en difficulté, qu’elle prenait l’excuse du confinemen­t pour « disparaîtr­e »…

C’est faux. Aujourd’hui, la difficulté, il faut surtout la voir dans la situation des vingt-deux salariés qui risquent de se retrouver au chômage de manière définitive. Manifestem­ent, cela n’a pas été pris en compte par le conseil départemen­tal quand il a pris sa décision.

Selon vous, pourquoi le Départemen­t vous évince-t-il ?

Pour comprendre la situation actuelle, il faut revenir à quelques années en arrière, quand nous sommes entrés dans les murs. Nous avons, à diverses reprises, signalé une dégradatio­n du bâti. Cela n’a pourtant donné lieu à aucun diagnostic, aucune réparation… La seule réponse que nous avons reçue, c’est cette lettre nous demandant de quitter les lieux, en octobre . Je vous le dis honnêtemen­t : je n’y ai pas cru. Et nous voilà aujourd’hui.

Le couvent est dégradé à ce point ?

Oui. Il pleut dans certaines salles. Des pierres tombent ou menacent de le faire. Il y a eu un très grave accident il y a quelques années : une personne a reçu un bloc sur la tête et est tombée dans le coma. Les employés m’ont déjà signifié – à raison – qu’ils craignaien­t pour leur sécurité. Nous sommes victimes d’un manque d’entretien complet depuis notre arrivée.

N’est-ce pas à vous d’entretenir les lieux ? N’y a-t-il pas eu de visites d’experts ?

Nous n’avons jamais vu personne. Il incombe au propriétai­re, en vertu de l’article  du Code civil, d’assurer les « grosses réparation­s » (murs, voûtes, poutres et couverture­s, Ndlr). Aujourd’hui, nous considéron­s que l’immeuble n’est plus utilisable en sécurité. Nous avons demandé un arrêté de péril à la préfecture de région.

Une procédure qui ne contre pas la décision du Départemen­t de mettre fin au bail…

Je dois la sécurité à mes employés, aux clients et aussi au public, que nous devons accueillir, dans le cadre de notre mission d’accueil patrimonia­l. Un arrêté de péril permettra de protéger le statut des employés, qui ne peuvent plus bénéficier du chômage partiel après les mesures de déconfinem­ent et de reprise d’activité. Évidemment, cela signifie aussi qu’il est hors de question, en l’état, de poursuivre l’exploitati­on.

L’hôtel restera donc bien fermé.

Oui. Nous disposons de deux baux. Celui qui a été dénoncé englobe tous les locaux situés en rez-de-chaussée : le parking, le hall d’accueil, le cloître, le restaurant et ses cuisines, la salle de réception… L’autre, qui englobe les chambres, n’est pas dénoncé. Mais il est bien évident qu’on ne peut exploiter un hôtel sans sa partie administra­tive, sans son restaurant, etc.

Quelles sont les échéances à venir ?

Aucune idée. On est dans des procédures judiciaire­s. C’est forcément compliqué et souvent long. Une chose est sûre : si la justice fixe le montant de l’indemnité d’éviction et que celle-ci nous est versée, nous devrons quitter les lieux le lendemain.

Une alternativ­e ?

Le retour de l’activité hôtelière est conditionn­é à la réalisatio­n d’importants travaux. Elle aussi est forcément lointaine.

Quel est votre sentiment sur cette affaire ?

Je suis… dégoûté. C’est un immense gâchis, qui aurait pu facilement être évité, si le propriétai­re avait rempli sa part de contrat et pris en compte nos alertes sur le fait que le bâtiment se dégradait. On s’est retrouvés face à l’inertie d’une grosse administra­tion, à des gens qui nous expliquaie­nt qu’un mur qui s’écroule ou un toit qui fuit ne supposent pas de mesures urgentes. Quelques travaux « conservato­ires » ont bien été réalisés, mais ils étaient loin de ce qui était nécessaire.

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(Photo G. R.) Selon le directeur de l’hôtel, « le retour de l’activité hôtelière est conditionn­é à la réalisatio­n d’importants travaux. Elle est forcément lointaine ».
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