« Réinventer l’équilibre du maraîchage »
Développer des potagers bio destinés à des communautés salariant des agriculteurs : le concept de « Potagers & compagnie » répond à des problématiques actuelles, et prend racine au Val
Tandis que tomates, choux, pâtissons et haricots – et tant d’autres – croissent paisiblement, une foule inhabituelle se presse, curieuse et attentive, autour des belles rangées de légumes. En quelques mois, un travail colossal a été accompli sur cette terre de la ferme Saint-George, et celui-ci commence à porter ses fruits. « Enfin ses légumes pour l’instant, pour être précis », s’amuse Loric Ferreri, l’un des deux ingénieurs agronomes, avec Merlin Leppens, à avoir oeuvré à l’accomplissement du projet nourricier de « Potagers et Compagnie ». S’improvisant guide, passionné et passionnant, il ajoute à ce propos que « nous allons bientôt planter une forêt fruitière d’une centaine d’arbres : pommiers, pruniers, abricotiers, figuiers, pêchers... » Jeudi soir, le projet novateur et prometteur porté par le cabinet d’agronomie provençale cher à Laurence Berlemont, a été inauguré, et pas seulement par de grosses légumes.
« Mon budget “saut à l’élastique” »
« Nous nous interrogions depuis un moment sur la bonne utilisation de ces quatre hectares de terres agricoles », se souvient la maîtresse des lieux. « L’idée d’y installer un maraîcher était séduisante. Mais aujourd’hui, la vie d’un maraîcher, c’est 50 à 60 heures de travail par semaine, 50 semaines par an, pour se dégager 800 euros par mois... Et quand des aléas surviennent – sécheresse, gel, grêle, etc. – sa seule variable d’ajustement, c’est son salaire ! Voilà la réalité du maraîchage aujourd’hui... Intuitivement, socialement, humainement, nous ne pouvions l’accepter, et nous avons donc inversé l’idée : c’est à une communauté de supporter ce risque, avec un agriculteur salarié : avec un revenu fixe, des congés, etc. » L’idée a ainsi germé d’embaucher un travailleur de plus au cabinet d’agronomie provençale, dans lequel une trentaine de salariés exercent déjà. « Entre son salaire et les revenus de la vente de légumes, on a estimé le risque potentiel de pertes à 10 à 15000 euros par an pour ce poste. Pour une entreprise de notre taille, ce n’est pas si important. Mais c’est en discutant avec un chef d’entreprise que j’ai vraiment eu le déclic. Je lui faisais part de mes craintes, que les entreprises ne seraient pas prêtes à risquer cette somme pour se doter d’un nourricier... Et il m’a répondu : “Tu connais mon budget saut à l’élastique ?”. Et en effet, pour de nombreuses entreprises, ce risque financier apparaît très maîtrisé, d’autant qu’il s’agit d’un engagement concret autour de valeurs fortes. » Julien Vert, cofondateur et cogérant, relève ainsi les engagements « dans la transition écologique »,« dans