Au collège Général-Ferrié, la grogne fait école
Le rectorat du Var a refusé la création d’une septième classe de cinquième pour la rentrée. Vent debout, les professeurs soutiennent l’administration, qui continue d’inscrire les élèves
Même un professeur de mathématiques n’arriverait pas à résoudre le problème. Et la tension s’accumule au collège Général-Ferrié de Draguignan. Lundi, le rectorat du Var a refusé la création d’une septième classe de cinquième, demandée pour la rentrée. Et a supprimé une classe de sixième. « Nous avons reçu, comme unique explication : un manque de budget », s’agace Sandrine Donier, professeur de physique-chimie. Cependant, « avant même qu’on nous la refuse, la direction continuait à enregistrer les inscriptions. Et sans se préoccuper des effectifs », s’exaspère Laurence Viglione, responsable du Centre de documentation et d’information (CDI). Résultat : alors que le collège peut prétendre à 180 inscrits, il en enregistre désormais 186. «Lepersonnel continuera d’accepter les inscriptions d’élèves en cinquième. C’est un risque, certes. Mais ils ont le droit de se retrouver dans leur secteur », justifie Philippe Le Gac, professeur d’arts plastiques.
« On ne pourra pas s’en sortir ! »
Où se retrouveront les nouveaux venus au sein de l’établissement ? Si le collège a la capacité d’accueillir 300 élèves de plus, officiellement il n’a pas l’autorisation du rectorat eu égard au nombre d’heures accordées aux enseignants. Dans la situation actuelle, « les salles du collège ne peuvent comporter plus de 30 tables. Si les élèves sont 31, il y en a un qui restera debout. Alors, je ne veux pas imaginer quelle sera la situation si l’État décide de nous imposer des mesures sanitaires à la rentrée », explique
Alexandra Depommier, professeur de français. Sandrine Donier s’inquiète pour sa matière : la physique-chimie. « Plus il y aura d’élèves dans la salle, moins les travaux pratiques pourront être réalisables. Idem concernant l’informatique : les ordinateurs manqueront ». Et aucune classe ne pourra être scindée en groupes, faute de temps d’enseignement. En plus de devoir trouver de la place pour les nouveaux arrivants, il leur faudra, aussi, trouver des bancs pour les élèves en classe d’Unité localisée pour l’inclusion scolaire (Ulis). Comme pour les AVS (auxiliaires de vie scolaire) les accompagnant. « Seulement, le rectorat ne les compte pas dans nos classes, parce que ces élèves n’y sont pas à plein temps. On ne pourra pas s’en sortir ! Leur enseignante hésite, d’ailleurs, à les détacher davantage, ne trouvant pas d’autre solution », s’indigne Alexandra Depommier.
Redoublement imposé
Faut-il donc faire des sacrifices ? « Nous en avons déjà fait. Après le refus de la direction académique en début de semaine, deux élèves ont déjà été dirigés vers d’autres établissements scolaires pas forcément proches de leur domicile », martèle Sandrine Viglione. « De plus, un redoublement a été imposé à un élève de sixième. Sa moyenne, bancale, lui permettait tout de même de passer en classe supérieure. Mais faute de place, pas d’autre choix », confie, désabusée, la responsable du CDI.
« Ouvrir une classe, c’est trop compliqué »
« Il faut penser aux élèves et réagir ! Ce sont eux qui subissent les conséquences ». Philippe Le Gac ne s’attendait pas une telle situation en fin d’année scolaire. Professeur d’arts plastiques depuis dix ans au collège Général-Ferrié, c’est la première fois qu’il rencontre ce genre de difficulté. « J’ai noté une dégradation générale au fil des années. Des classes de plus en plus chargées, de moins en moins de moyens financiers… Mais jamais ce genre de situation.
On n’hésite pas à fermer une classe. Mais en ouvrir une, bizarrement, c’est trop compliqué », constate-til, songeant également aux inscriptions de dernière minute durant l’été, comme à la rentrée. Il en est persuadé : « Ce n’est qu’un début. » Car si rien ne change, le problème ressurgira dès l’année scolaire 2021-2022. Les futurs 4e se retrouveront dans la même configuration. Et ainsi de suite, jusqu’au lycée. « Nous ne pourrons pas faire redoubler des élèves qui en auront peut-être besoin. Déjà que le confinement a causé le décrochage scolaire de certains », se désolent les professeurs. Affaire à suivre.