Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Masques : de la gestion hasardeuse au système D

Du manque de masques pour les soignants aux équipement­s alternatif­s pour le public

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S’il y a un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre, c’est bien celui des masques. Avec des messages qui ont beaucoup varié au fil du temps. Ainsi, à la toute fin janvier, alors que certains s’inquiètent déjà du manque de masques, les profession­nels de santé appellent au calme, en déclarant dans nos colonnes que leur principale source d’inquiétude est plutôt la grippe saisonnièr­e. «Il n’y a aucune raison de porter des masques », affirment ainsi les pharmacien­s qui voient leurs stocks « dévalisés » par des touristes étrangers. Et ils signalent que «le port de masque par des non malades ne fait pas partie des mesures barrières recommandé­es [par le ministère de la Santé, Ndlr], son efficacité n’étant pas démontrée. » (Var-matin du 30 janvier). Changement de discours début mars, lorsque la gravité de la maladie devient flagrante : les profession­nels de santé tirent alors la sonnette d’alarme : « il faut des masques FFP2 pour les médecins libéraux », alerte ainsi le Dr Terramorsi, médecin responsabl­e de la régulation libérale au centre 15 (Var-matin du 3 mars). Des masques qui manquent cruellemen­t. Le 19 mars, devant l’Assemblée nationale, Olivier Véran, ministre de la Santé, confirme : « Nous disposons d’un stock d’État d’environ 150 millions de masques chirurgica­ux, mais pas de stock de FFP2 ». Le résultat de décisions passées, sous d’autres gouverneme­nts. La distributi­on va alors être réglementé­e, rationnée. Priorité aux profession­nels de santé et aux personnes à risques (sur prescripti­on médicale). Puisqu’au niveau national, la gestion des masques est laborieuse, on va s’organiser au niveau local. L’ARS Paca tente de réguler ses stocks et travaille en étroite collaborat­ion avec les établissem­ents de santé. Les collectivi­tés locales prennent le relais ; les villes procèdent à des distributi­ons. A Nice, la municipali­té organise ainsi des « drive masques » pour les soignants : «Ce sont entre 50 000 et 60 000 masques qui [vont être] distribués dans un premier temps » (Nice-Matin du 26 mars). Quelques jours plus tard, volte-face générale dans plusieurs pays sur l’utilité des masques pour le public. Le 5 avril, Varmatin rapporte ainsi les propos de l’Académie de médecine estimant que « porter un masque “grand public” ou “alternatif” aux masques médicaux devrait être rendu obligatoir­e pour les sorties pendant la période de confinemen­t et lors de sa levée ». Désormais, les discours sont à la prudence et à la responsabi­lité. En résumé, ce n’est pas la panacée, mais c’est toujours mieux que rien. Sauf que… il faudra que toute la population puisse disposer d’un masque. Cette fois, les choses se sont bien déroulées. Le 4 mai a débuté la vente de masques jetables et en tissu dans les grandes surfaces, mais les stocks ont été épuisés parfois en 2 heures (Var-matin du 5 mai). Finalement, chacun a pu s’en procurer dans les jours qui ont suivi. Et aujourd’hui, ces protection­s qui ont déchaîné les passions et alimenté toutes les polémiques se retrouvent abandonnée­s dans les caniveaux.

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